Quinze ans que les compagnies aériennes françaises voient leurs parts de marché s’éroder lentement mais surement. Quinze que la croissance du trafic aérien sur le marché français, un des plus appétissant d’Europe, voir du monde, se fait au bénéfice des compagnies étrangères.
Quinze ans, voire plus, que chaque année ou presque, sortent des rapports, parlementaires ou autres, sur la compétitivité du transport aérien français. Ou plutôt sur son manque de compétitivité. Quinze ans que les rapports en question finissent presque systématiquement au fond de tiroir d’une administration ou de tenants de l’autorité de l’État, finalement fort peu concernés par le sujet.
Election présidentielle oblige, la Fédération Nationale de l’Aviation Marchande (Fnam) vient, comme tous les représentants des grands secteurs économiques, de publier un document listant les différents leviers – stratégiques, en matière d’emploi, de fiscalité, de réglementation, de concurrence – à actionner pour rendre des couleurs au pavillon français. Pour inverser une courbe qui a vu le pavillon en question perdre 17% de parts de marché en 15 ans et le secteur s’évaporer 11 000 emplois sur la même période.
Le travail réalisé par la Fnam est complet, précis et implacable. Pour autant, et même si la plupart des mesures proposées par la fédération sont à coûts nuls pour l’Etat, rien ne dit que ce énième constat sera suivi d’une inflexion stratégique. Comme l’a dit Jean-Marc Janaillac, le PDG d’Air France KLM lors de la conférence de présentation du projet de la Fnam, dont sa compagnie est membre, « j’ai écrit à tous les candidats à l’élection présidentielle, je n’ai reçu que 3 réponses, dont 1 accusé de réception ».
Devant un tel manque d’attention de la part des autorités, on pourrait presque se demander si le secteur du transport aérien ne devrait pas envisager des modes d’action un peu plus radicaux que de simples rapports, à l’image des agriculteurs ou des transporteurs routiers, pour ,enfin se faire entendre.