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VIDEO – Les petits déjeuners débats du Quotidien du Tourisme : « Les compagnies les plus puissantes d’Europe remettent en cause la neutralité d’affichage »

En 2017, tous les mois, "Le Quotidien du Tourisme / Le Mag" organise au Bristol, à Paris, des petits déjeuners thématiques. Autour de la table, pour parler des "outils de réservation", nous avons reçu Marc Leidelinger (Frequent Flyer Travel Paris), Charlotte Roussel (Aer Ticket), Christian Sabbagh (Orchestra), Fabrice Dariot (BDV), Alexandre Jorre (Amadeus), Emmanuel Bourgeat (Travelport) et Yannick Faucon (Resaneo).


 
Quels sont les principaux outils de réservation utilisés par les agents de voyages ?
 
- Marc Leidelinger (Frequent Flyer Travel Paris) : Historiquement ce sont les GDS. Mais nous observons une érosion depuis une décennie déjà. Chez Frequent Flyer Travel Paris, 15% de ce qu’on achète pour nos clients est hors GDS. Et encore ! nous rebasculons l’immense majorité de ces 15% en passif sur les GDS qui restent le centre du système solaire. Selon les besoins du client, on pioche dans des agrégateurs via des SBT, ou des consolidateurs. Au sein de l’agence, nous avons eu pendant des années un service loisirs qui achetait sur Go Voyages. Aujourd’hui on travaille avec Aer Ticket afin de compléter pour nos clients l’offre des GDS. Concernant l’hôtellerie, nous travaillons avec des HBT comme HRS, Teldar HCorpo, CDS, Booking voire Expedia.
 
Lorsqu’une entreprise demande de vous occuper de ses déplacements. En fonction de quels critères choisissez-vous l’outil ?
 
- Marc Leidelinger : Il faut avoir la palette d’outils la plus large et la plus éclectique possible. Il s’agit de faire un assemblage le plus en adéquation avec le besoin du client. En fait il n’y a pas d’outil meilleur ou moins bon. Tous ont leurs avantages ou leurs inconvénients. Notre valeur ajoutée est de comprendre ce dont a besoin notre client. Et de lui dire "ça c’est bon pour vous" ou "ça, ça ne marchera pas" en fonction de sa typologie de trafic, sa politique voyage, la nature de ses déplacements, son histoire, sa maturité, ses capacités informatiques et comptables. Nous sommes agnostiques au niveau des outils mais il faut en avoir un maximum possible, et surtout les connaitre profondément. D’ailleurs certains collaborateurs chez nous les connaissent mieux que les juniors chez les éditeurs eux-mêmes. (…) La révolution est surtout au-niveau de la rapidité de la capacité de calcul et de puissance
 
Qu’en est-il au niveau de la partie loisirs. Quels outils utilisent les agents de voyages ?
 
- Christian Sabbagh (Orchestra) : La tendance est le recours à des plates-formes intégrées qui permettent d’avoir de l’Internet. Et des agences capables de vendre ce qui existe en ligne. Il y a une segmentation entre les réseaux d’agences et les agences en ligne. Tous ont besoin de vendre une panoplie de produits différents en ligne, en agences et en mixant les canaux. Dès lors qu’on dit cela, il faut des plates-formes interconnectées à un très grand nombre de sources et capables d’avoir différentes interfaces de vente pour les agents et pour Internet, et sur les différents devices. La tendance est d’avoir de moins en moins d’outils différents pour comparer de plus en plus de choses dans un système de plus en plus unifié.
 
Les GDS ne restent-ils pas l’interlocuteur privilégié pour les agences de voyages ?
 
- Christian Sabbagh : Oui c’est le cas dans certaines agences. Les GDS sont essentiellement utilisés sur l’aérien mais également sur d’autres segments de produits. En revanche, si une agence est fortement orientée sur la vente de packages de séjours, elle peut difficilement avoir le GDS comme unique outil. Elle a besoin d’autre chose.
 
Est-ce à dire que les GDS n’ont pas réussi avec les tour-opérateurs ce qu’ils ont réussi avec l’aérien ?
 
- Christian Sabbagh : L’aérien est un marché mondial très centralisé relativement simple à normer avec des volumes à l’échelle mondiale. Le tour-operating, c’est l’inverse : une diversité et une complexité d’acteurs sur des marchés locaux plus petits. Il est donc difficile d’avoir les deux car les systèmes n’ont rien à voir.
 
- Alexandre Jorre (Amadeus) : L’explication de Christian est la bonne. Le GDS est un outil qui s’appuie à la base sur une standardisation apportée par les compagnies aériennes. (…) Concernant l’intégration de contenus TO, nous avons en Allemagne une solution qui occupe une très bonne partie du marché. Nous avons d’autres initiatives locales avec des partenaires dans le monde. L’enjeu des GDS, c’est sur la base du métier historique de diversifier notre portefeuille vers de solutions plus spécialisées, plus compliquées. Le partenariat est une des nombreuses options dont on dispose. On construit et on développe toujours beaucoup mais on fait aussi beaucoup de partenariats pour intégrer différents fournisseurs de techno dans l’écosystème afin de livrer de l’efficacité et de la simplicité aux agences de voyages. Sur la partie distribution TO, nous travaillons avec Orchestra pour faciliter cette intégration et cette distribution.
 
Mais Orchestra aurait-il pu le faire directement ?
 
- Christian Sabbagh : Quand un TO veut une solution complète, c’est pertinent aussi de travailler avec Amadeus et avec Gestour. Ils ont des briques que nous n’avons pas.
 
 Et pour l'hôtellerie ?
 
- Emmanuel Bourgeat (Travelport) : 2% des transactions hôtelières sont aujourd’hui gérées par les GDS. Les agences de voyages utilisent l’architecture du GDS pour traiter le PNR. Nous avons construit une architecture qui permet de délivrer une valeur ajoutée à nos clients et aussi de la productivité. Notre objectif est de remplir ces deux missions là. Sur la partie hôtellerie, nous avons redéfini notre positionnement il y a 5 à 6 ans. Nous sommes une plate-forme d’agrégation de contenus. Notre métier n’est plus d’être un simple tuyau à livrer des contenus. Sur les 2% du business hôtelier, Travelport c’est 1%. A travers notre plate-forme, on va retrouver des contenus de Booking.com. Nous avons agrégé les contenus de consolidateurs et de brokers. Car il faut remettre l’agent de voyages au centre de l’information. Et il faut lui délivrer cette information dans un environnement qui garantit un minimum sa productivité. Nous avons un énorme travail dans la direction de l’hôtellerie. On délivre ces contenus aussi bien en off-line qu’en on-line et on les rend disponibles à travers nos API.
 
Qu’en est-il chez Amadeus ?
 
- Alexandre Jorre (Amadeus) : Chez Amadeus, on répond aux besoins des agences de voyages : elles veulent de l'intégration et sourcer du contenu. C’est pour ça qu’on progresse énormément sur l’hôtel, les réservations de voiture, les transferts. Bref, notre vocation est de répondre à tout besoin de gestion et de contenu d’une agence de voyages.
 
Lorsqu’on est agent de voyages, quels outils utilise-t-on ?
 
- Fabrice Dariot (BDV) : Il y a trois strates : data, on-line et middle/ back-office. Aujourd’hui nous sommes sur un monde relativement dispersé même s’il y a des tentatives d’intégration globale d’un outil "tout en un". L’agent de voyages l'utiliserait au desk, le back-office aussi, le client verrait qui fait la facturation et éventuellement il émettrait la brochure. C’est le vœu asymptotique qui n’a jamais été atteint d’un outil qui ferait tout. Aujourd’hui, l’histoire du tour-operating français est composé de strates, en particulier parce qu’il a commencé dans les années 1970-1980, avec des systèmes informatiques relativement lourds. Je connais de gros TO englués dans des strates profondes avec des outils qui ont 25 ans. Il y a toujours quelqu’un qui promet la réforme du grand soir de la simplification mais c’est très compliqué à mener parce qu’il faut continuer d’opérer pendant ce temps-là. C’est impossible de fermer son agence durant six mois pour tout refaire. Donc le tour-operating français est composé de strates, d’outils historiques, scientifiques qui ont été faits par un type génial mais qui a disparu. Je connais de très, très gros TO dont la vie informatique ne tient qu’à un fil et à quelques lignes de code dans un langage mal maîtrisé.
 
- Christian Sabbagh : Aujourd’hui cela a relativement peu d’impact sur l’agence de voyages. Quant aux outils des tour-opérateurs, ils évoluent plus ou moins rapidement. Certains TO ont quand même des systèmes plus avancés. L’important pour une agence de voyages est qu’elle soit peu impactée par tout ça.
 
- Fabrice Dariot : Les GDS sont très structurés sur l’aérien. Et malgré les tentatives méritoires de prendre des parts de marché sur le loisir, c’est plus long que prévu.
 
Quels sont les coûts de distribution pour une agence de voyages ?
 
- Christian Sabbagh : L’informatique interne et externe dans le loisir coûte au global entre 1% et 2% du volume d’affaires.
 
- Marc Leidelinger : Un peu moins pour une agence moyenne. Tout dépend de la stratégie, si on est dans le Cloud ou propriétaire. Cela va du simple au triple avec une stratégie de risque, de cible clientèle. Nous, nous sommes propriétaires de notre matériel physique dans des data centers. Cela nous coûte trois à quatre fois plus que si on était dans le nuage.
 
- Fabrice Dariot : Avec toutes les normes internationales sur la sécurité, l’intégrité des données, c’est devenu un métier tellement complexe que même les grosses entreprises ne peuvent pas réellement s’héberger. Il faut passer par de la sous-traitance.
 
- Marc Leidelinger : Nous avons une fibre noire privée. On est sur deux data centers en même temps. C’est notre matériel. On ne le partage avec personne. L’informatique nous coûte environ 1% du volume d’affaires réalisé.
 
A quel moment un acteur comme Orchestra s’est-il engagé sur le marché de la distribution de contenu TO ?
 
- Christian Sabbagh : Début 2005, on s’est rendu compte qu'il manquait une agrégation sur les packages ainsi que sur l’offre des tour-opérateurs. Cela paraissait évident dès lors qu’il y avait de la vente en ligne de pouvoir agréger une offre et la présenter. Tout ça a été fait manuellement. Mais je ne suis pas le seul à avoir vu cette opportunité, ce besoin du marché. Une fois qu’on a agrégé l’offre des tour-opérateurs comme celle des compagnies aériennes, l’agent de voyages, dans son point de vente physique et dans sa distribution en ligne, a besoin de plus que ça. Avec énormément d’agrégateurs, il y a un enjeu de les uniformiser. Si on laisse ce travail à l’agence de voyages, du coup cela devient son métier de devoir faire de l’informatique. Au début des années 2010, c’était la principale préoccupation des agences de voyages de faire ça. Nous offrons à nos clients une plate-forme qui permet de vendre tout type de produit de manière uniformisée.
 
C’est aussi la stratégie d’Amadeus ?
 
- Alexandre Jorre : Oui la stratégie d’Amadeus est née sur de l’aérien. Et maintenant notre vocation est de se transformer en plate-forme, en agrégateur d’agrégateurs.
 
Chez Aer Ticket, qu’apportez-vous de plus que les GDS ?
 
- Charlotte Roussel (Aer Ticket) : Nous sommes aussi data center. Nous agrégeons plusieurs GDS, plusieurs Iata. Nous proposons des solutions uniques avec derrière toutes les technologies aériennes. L’idée est que l’agent de voyages dispose sur une plate-forme de plusieurs GDS pour bénéficier d’une offre tarifaire plus étoffée. Nous apportons la dimension groupe d’Aer Ticket qui permet à l’agent de voyages français d’avoir accès aux 20 Iata du groupe. On a des tarifs chargés via les GDS par les compagnies aériennes marché par marché. Par exemple, une agence qui va vendre un départ de Bruxelles aura accès grâce à Aer Ticket avec un tarif chargé sur le Iata Belgique qui ne sera pas le même prix que sur le Iata France. Donc ça étoffe l’offre. Ce qui amène une compétitivité tarifaire potentielle. Et derrière comme il y a plusieurs GDS qui sont branchés, on peut aller interroger toute l’offre de la compagnie aérienne, quel que soit le canal utilisé pour mettre le prix à disposition. On consolide également les PNR des agences qui ne sont pas Iata.
 
Aer Ticket, c’est un groupe allemand ?
 
- Charlotte Roussel : Oui, basé à Berlin où tout est centralisé et automatisé. Le groupe a été fondé en 1993. Il travaille avec 15 000 agences en Allemagne où il est leader. Pour la France, Aer Ticket est un joint-venture avec Tourcom. Et nous allons voir d’autres réseaux. D’ailleurs Aer Ticket travaille déjà avec des agences autres que Tourcom. Il y a aujourd’hui un besoin qui n’est pas pourvu, et avec des nouvelles technologies internationales, cela permet de concurrencer le on-line avec des Iata internationaux, par exemple des structures comme Odigeo. Le client arrive aujourd’hui avec un prix qu’il a vu sur Internet, qu’il soit passé par un méta-moteur ou une OTA. Il arrive avec un prix et l’agence n’est pas capable aujourd’hui de le lui proposer. Nous, grâce aux Iata internationaux, elle peut lui proposer un prix comme il a vu sur Internet via un Liligo ou autre. On apporte une vraie compétitivité pour les agents de voyages. Le BtoB reste le nerf de la guerre en France, et il faut absolument chouchouter les agences de voyages. Et leur proposer quelque chose de cohérent par rapport à tout ce que le client a dans son canapé le soir.
 
Et Résaneo ?
 
- Yannick Faucon (Résaneo) : Nous sommes arrivés sur le marché il y a cinq ans dans une période où Go Voyages était seul. Contrairement à un GDS, nous ne sommes pas que de la techno. J’émets des billets d’avion pour les agences de voyages, et je leur apporte du service. Je m’appuie sur la technologie, et en partenariat avec les GDS on a développé une solution il y a 5 ans en apportant, et c’est ce qui a fait la différence, un vrai service.
Contrairement à ce qu’on peut penser, le produit aérien est très basique. Rien de plus sorcier que de vendre un Paris-Nice. En fait il y a beaucoup de valeur ajoutée derrière tout ça. J’ai vu le temps que passaient les agents de voyages sur la vente de billets d’avion au détriment bien souvent de la destination. Qu’est-ce qui fait la vraie valeur ajoutée de l’agent de voyages? ce n’est pas la partie aérienne. Dans un avion, peu ou prou, il y a 150 paires de fesses qui voyagent avec le même confort à part certains qui ont les moyens de se payer la classe avant. Mais ce n’est pas là où on va faire la différence. Donc on a voulu lorsqu’on a lancé Résaneo passer le moins de temps possible sur la partie aérien pour que l’agent de voyages puisse se concentrer sur ce qui fait sa différence.
Il faut s’appuyer sur les GDS mais il n’y a pas tout le contenu aérien. Ce contenu est venu s’agréger au fil du temps avec des compagnies qui se sont dit au bout d’un moment, ça ne serait peut-être pas mal d’être présent sur les GDS mais qui n’en voyaient pas la pertinence lorsqu’ils se sont lancés. Je pense notamment aux compagnies low cost. On a certes des GDS qui travaillent avec nous mais on a également 35 connecteurs directs avec des compagnies qui nous permettent d’avoir une offre en full content. L’idée était de vulgariser le plus possible l’ensemble de l’offre dans une interface simple, intuitive, facile de compréhension, et mise à disposition des agences de voyages pour qu’en deux clics ils puissent effectuer une réservation. Donc pas plus de temps que ce que l’internaute pouvait faire chez lui. Il n’y a rien de pire qu’un client qui en 30 secondes trouve chez lui de la disponibilité sur un Paris-Ascension, arrive en agence parce qu’il a besoin de réassurance, et l’agent va mettre deux heures à lui trouver la même chose. En résumé, cela donne de la crédibilité à l’agent de voyages qui va pouvoir trouver un produit que l’internaute ne trouvera pas. C’est son produit, il se  l’approprie.
La technologie sans le service, cela ne fonctionne pas. Les GDS, vous avez essayé d’apporter du service mais ça n’est pas le cœur de votre métier. Il faut confier cette mission à ceux qui le maitrisent davantage et qui s’appuient sur vos outils.
 
- Emmanuel Bourgeat : Derrière la remarque de Yannick, il y a la revente  d’Amadeus par Opodo, chez Travelport la revente d’Ebookers, chez Sabre, la revente de Lastminute.
 
Résaneo est partenaire du réseau Tourcom ?
 
- Yannick Faucon: Nous avons des accords avec le réseau Tourcom comme nous avons des accords avec d’autres réseaux également. Nous avons la même logique de distribution BtoB.
 
Dans l’aérien, la norme NDC est-elle la norme d’avenir ?
 
- Fabrice Dariot : Pas d’accord.
 
- Marc Leidelinger : L’enjeu est sur le contenu. On doit nous proposer des choses qui soient au goût du jour. Après NDC ou pas, peu importe.
 
- Yannick Faucon : C’est la capacité de la compagnie aérienne à savoir utiliser cette norme.
 
- Fabrice Dariot : Le NDC, c’est une invention intellectuelle d’éminences grises de compagnies qui se sont demandé comment réduire leurs coûts de distribution. Après avoir déjà tordu le cou des agents de voyages, il reste les GDS. Ils ont regardé leurs Ebitda, leurs ratios et ont vu la différence avec les leurs. Car celui qui réfléchit en 2016 n'est pas celui qui a fondé Esterel en 1978. Ils se sont dit que les GDS avaient absorbé trop de valeur dans la chaine et ont cherché à faire baisser les coûts de distribution GDS. Ils ont donc décidé d’inventer une nouvelle norme qui va être adoptée par tout le monde.
C’est une norme qui a beaucoup de défauts. Et ils se sont dits que ceux qui ne l’adopteront pas auront une pénalité. Cette norme n’était pas indispensable car elle constitue pour certains acteurs de la chaine une régression fonctionnelle :on va remettre de la complexité là où l’agent de voyages ne veut avoir qu'une interface, simple, graphique, fonctionnelle et pas voir la tuyauterie.
 
- Christian Sabbagh : Cette norme ne génère pas une exposition de la tuyauterie pour l’agent de voyages. Le NDC c'est deux sujets: "comment j’enrichis le contenu" et "comment je me connecte directement ou pas, comment je baisse mes coûts de distribution". Ces deux sujets sont venus en même temps de manière concomitante mais sont différents. Il y a une préoccupation réelle qui est de dire si je ne me différencie pas avec des services additionnels, je banalise mon produit.
 
- Fabrice Dariot : Les victimes vont être les petites et moyennes compagnies. Ce que veulent les leaders, c’est la fin de l’égalité d’affichage. En vérité, il existe à travers les GDS et part des directives européennes un principe d’égalité, de neutralité d’affichage. C’est un peu le pendant de la neutralité d’Internet qui existe par ailleurs. Aujourd’hui ce qui est remise en cause par les compagnies les plus puissantes d’Europe, c’est la neutralité d’affichage. Elles ne veulent plus être affichées à égalité avec les autres, et même par le jeu des alliances, elles arrivent déjà à saturer les premiers écrans. Le petit challenger, on ne le voit pas beaucoup.
 
- Marc Leidelinger : C’est à nous de nous réapproprier cette valeur de conseil au client. C’est là qu’on va se sentir gagnants.
 
- Christian Sabbagh : La tendance est de réserver sur les sites des compagnies aériennes. C’est là où il y a le plus de services, le plus de contenu. C’est là où on comprend la différence entre deux vols. Donc la distribution indirecte va être bypassée si elle n’est pas capable de différencier un vol et l’autre, de montrer la valeur ajoutée des vols indépendamment du prix. Aujourd’hui le vol est extrêmement banalisé. Ce n’est pas forcément une bonne chose pour les compagnies aériennes qui veulent investir.
 
- Alexandre Jorre : Le premier sujet, c’est la différenciation ; le deuxième c’est l'utilité. A partir du moment où certaines compagnies aériennes sous l’organisation de Iata ont décidé de prendre ce chemin de NDC et donc d’encourager une nouvelle fragmentation du contenu, la question est très intéressante sur les causes mais la finalité est de se dire comment ce contenu va se fragmenter et comment je vais le réunifier pour permettre à l’agent de voyages de le vendre utilement. La vocation de l’outil est de faire en sorte que ce contenu soit disponible pour les agents de voyages.
Concernant la valorisation, est-ce qu’aujourd’hui avec les normes actuelles, on est capable de distribuer du contenu enrichi et de permettre à l’agent de voyages de le valoriser? la réponse est oui. Il y a plus d’une centaine de compagnies aériennes qui distribuent leurs services ancillaires à travers les GDS. Un agent de voyages est capable pour un vol donné de voir tous les services offerts, dans certains cas de voir des images de ces services, et donc de faire de la personnalisation du produit aérien pour le voyageur. Le taux d’adoption des agents de voyages pour cette solution est encore faible. Est-ce que c’est lui qui met du temps ou est-ce que le besoin à travers le canal indirect est légèrement différent de celui sur le canal direct?
 
Alors la norme NDC est-elle une bonne ou une mauvaise chose ?
 
- Emmanuel Bourgeat : La norme NDC va venir compléter d’autres protocoles d’échanges déjà mis en œuvre par d’autres compagnies aériennes. Chez Travelport on intègre des contenus non normés depuis 3 à 4 ans. Dans la plate-forme, 240 compagnies ont souscrit à notre offre de merchandising qui ne se limite pas à la vente de produits ancillaires. On permet aux compagnies de se distribuer via la vente BtoB comme elles le font sur leur canal BtoC. En d’autres termes nous sommes capables de distribuer des contenus et de l’information à orientation marketing. On intègre des contenus non normés. L’agent de voyages dispose d’une information  qui lui permet de défendre sa raison d’être, c’est-à-dire le conseil. NDC va donc compléter ce dispositif. Le fait que Travelport va être certifié agrégateur de niveau 3 dans les semaines qui viennent illustre cette avancée. Donc la norme NDC c’est une bonne chose pour les acteurs de la distribution. C’est absolument déterminant qu’on soit dans le business travel ou qu’on soit dans le BtoC pur et dur.
 
- Yannick faucon : Cette norme NDC ne va pas révolutionner les choses. Elle correspond à une évolution du temps. Ce qui est remis en cause n'est pas la norme mais les surcharges qui sont liées. C’est cela qui fait débat. Aujourd’hui on se passe des GDS sur certaines compagnies. Il y a 4 ans que nous avons intégré l’API de Transavia avant Galileo, Sabre ou Travelport. On sait intégrer les compagnies directement et elles savent faire remonter leur contenu. Qu’on s’appelle NDC ou autre, à nous de savoir l’interpréter.
 
Et au niveau maintenance, quelles charges cela représente ?
 
- Yannick Faucon: Je ne suis pas un agrégateur, je suis un intégrateur. L’ensemble des flux n'est pas forcément stables. Cela fait 12 mois que nous sommes en norme NDC avec Lufthansa. Aujourd’hui, au bout d’un an, seuls 45% des flux envoyés par Lufthansa en norme NDC sont fiables. Le reste continue à transiter via les GDS.
 
La norme NDC a-t-elle un avenir ?
 
- Marc Leidelinger : Ce n’est pas tant la norme mais le concept qui a un avenir.
 
- Christian Sabbagh : Et les petites compagnies aériennes sauront aussi trouver des solutions. Exemple, APG propose des solutions aux plus petites compagnies aériennes pour devenir compatibles NDC. Et potentiellement se remettre dans des agrégateurs, des GDS. Dans quelques années, on verra que la norme NDC est une bonne chose. Mais n’importe quelle agence ne va pas se mettre à intégrer 50 flux NDC plus 3 GDS. Cela n’a pas de sens car elle verra ses coûts exploser.
 
Néanmoins cette norme NDC n’est-elle pas lancée un peu trop tôt ?
 
- Christian Sabbagh : On ne peut pas non plus attendre 5 ans. Cela fait 3 ans qu’on en parle, qu’il y a des symposiums sur le sujet. Il faut simplement 3 ans de mise en place.
 
- Marc Leidelinger : Là on entre dans l’eau mais on est encore loin du milieu du gué. De l’autre côté de la rive, ce sera pour 2020. On le voit bien chez Air France, ils sont au niveau de l’amateurisme.
 
- Alexandre Jorre : Le marché va s’approprier la norme. Mais la période de transition sera longue. La norme NDC va cohabiter en masse avec le système actuel. Il faut surtout regarder la promesse que cela apporte : plus de différenciation, plus de personnalisation, ça veut dire le potentiel pour l’agent de voyages de revenir à parité avec ce qui commence à émerger sur les sites des compagnies aériennes. Et si à la fin, cela permet à l’agent de voyages d’augmenter le panier moyen ou d’augmenter la conversion, tout le monde va y gagner. Les agents de voyages, compagnies aériennes et systèmes doivent travailler ensemble pour faire en sorte que la promesse soit tenue.
 
- Emmanuel Bourgeat : Les compagnies aériennes n’ont pas la possibilité à travers les canaux GDS de se distribuer sur leur site BtoC. Il suffit simplement d’aller sur le site d’une compagnie aérienne pour comprendre l’écart manifeste qui existe entre ce qui se fait en BtoC et ce qui existe en BtoB. Si aujourd’hui une vingtaine de compagnies parlent en français aux agents de voyages, c’est parce qu’on a su mettre en œuvre la technologie pour le faire.
 
- Fabrice Dariot : Les compagnies aériennes ont un métier très complexe. Elles doivent faire voler des avions, elles doivent se couvrir contre les variations du prix du carburant et empêcher leurs pilotes de se syndiquer. Ensuite faire de l’IT, ce n’est pas dans leur ADN. Donc elles délèguent.
 
- Yannick Faucon : Quatre personnes seulement basées à Londres gèrent la norme NDC chez IAG.
 
Si les GDS ne sont plus financés par les compagnies aériennes, qui va payer ?
 
- Alexandre Jorre : La question ne se pose pas aujourd’hui. Selon moi, il n’est pas évident que l’adoption de la norme NDC amène une évolution notoire du modèle économique. Beaucoup de compagnies aériennes ont des stratégies commerciales de distribution différentes. Certaines décident de rentrer dans les GDS pour toucher un public qu’elles n’arrivaient pas à toucher. C’est le cas des low cost notamment.
 
- Fabrice Dariot : Il y a deux sortes de GDS, ceux qui font du hosting et ceux qui n’en font pas. Il y a ceux qui font la technologie des compagnies aériennes et ceux qui n’en font pas.
 
- Alexandre Jorre : Aujourd’hui la distribution représente un peu plus de 70% de notre chiffre d’affaires total. Cela renforce la nécessité pour Amadeus de bien répondre et comprendre les différents interlocuteurs, compagnies aériennes et agences de voyages et leurs besoins. Nous avons vocation à pérenniser la valeur et le travail de l’agent de voyages. NDC, c’est un outil. Après c’est ce que les différents acteurs avec leurs rapports de force, leur pouvoir de négociation sont capables d’en faire.
 
- Christian Sabbagh : l’agent de voyages a de plus en plus besoin de contenu. D’autant plus que le voyageur est de plus en plus informé. Il en sait parfois plus que l’agent de voyages.
 
- Marc Leidelinger : Notre valeur ajoutée, notre conseil est très important car entre un vieux siège pourri sur un A340 et un siège best sur 777, sur le site Air France tu ne vois pas. C’est à nous de la mettre en avant cette valeur.
 
- Emmanuel Bourgeat : Sur notre plate-forme, nous avons des avis qui expliquent cela.
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