La nouvelle taxe sur le transport aérien, qui devait rapporter 850 millions, n’a en fait rien rapporté à notre gouvernement, mais a contribué à dégrader la compétitivité du pavillon français
Pascal de Izaguirre, le Président de la FNAM ne décolère pas : « La taxation excessive du transport aérien s’avère désastreuse pour l'aviation d'affaires françaises. C’est hélas ce que nous constatons avec les derniers chiffres. Cette taxe crée une divergence très préoccupante entre le pavillon français et les compagnies étrangères. »
Les chiffres parlent d’eux même : de mars, début de la mise en œuvre de la hausse de la TSBA, à août 2025, le nombre de mouvements assurés par les avions d'affaires immatriculés France a chuté d'environ 21% par rapport à la même période un an plus tôt.
Pour les opérateurs étrangers, c’est l’inverse : ils enregistrent une hausse de 4% de leur mouvement en France. Si au sein de l'aviation d'affaires, on prend l'aviation commerciale, l'évolution est de moins de 30%. Pascal de Izaguirre est catégorique : « Il faut être clair, ça n'est pas l'activité qui disparaît, c'est simplement un transfert d'activité du pavillon français vers les pavillons étrangers. »
L’explication est simple : les compagnies françaises d'aviation payent l’intégralité de la taxe alors qu’en proportion, le recouvrement pour les compagnies étrangères reste très faible. Le président de la FNAM dénonce « Ça crée une distorsion de concurrence très marquée, évidemment très inquiétante pour l'avenir de l'aviation française. »
Tout ça pour ça ! Il faut se poser la question de l'impact pour les finances publiques.
Un rappel : l’augmentation de la TSBA, devait rapporter 850 millions d'euros de recettes fiscales supplémentaires. Mais pour Pascal de Izaguirre « tout cela est en train de s'évaporer »
Pourquoi ? Parce que par rapport à ce qu'aurait dû être l'évolution naturelle du trafic, on constate une forte baisse en France du trafic touristique international.
Pascal de Izaguirre sort sa calculette et explique : « La baisse du nombre de visiteurs imputée à cette taxe s’estime, selon les études, à 3 500 000 visiteurs en moins. Par voie de conséquence, le manque à gagner en recette fiscale est peu ou prou équivalent à ces 820 millions d’euros. Autrement dit, l'impact escompté de la hausse de la TSBA, qui était de 850 millions d'euros, s'est complètement évaporé. Il a été annihilé par la perte de recettes fiscales. » Bel exploit ! en dégradant en plus la compétitivité du pavillon français. Bravo messieurs les politiques !!!
« Donc finalement on a envie de dire tout ça pour ça ! Je le rappelle en 2025 que le transport aérien français a supporté 1 milliard 350 millions de ponctions fiscales supplémentaires. IATA appelle à nouveau les autorités françaises à suivre l'exemple des autres états, comme par exemple la suède l’Italie ou l’Allemagne qui reviennent sur les hausses antérieures ou de faire comme 20 états membres de l'Union européenne qui eux n'ont pas de taxation spécifique sur le transport aérien » dénonce Pascal de Izaguirre.
D’autant que la filière s’est engagée dans la transition écologique. Ce n’est pas le moment de la priver de recette.
Pascal de Izaguirre conclut : « Nous avons besoin de moyens financiers pour mener à bien notre transition écologique qui reste notre objectif numéro un. Cette taxation excessive entraîne une perte d'attractivité du pays en matière touristique, une perte de souveraineté au travers de l'affaiblissement du pavillon français ».
Lire aussi : Le rapport qui fait mal : l’excès de taxe dans l’aérien fait perdre à la France des parts de marché
De quoi donner des sujets de réflexion à notre prochain gouvernement qui devrait se pencher sérieusement sur la question. Le rapport de IATA est à leur disposition. Mais il faut avoir quelques notions d’économie pour le lire…. On peut toujours rêver…
