Management & Ressources Humaines : Le développement durable, une notion essentielle pour le groupe Pierre & Vacances

Certaines optent pour des actions ponctuelles ou éditent des chartes de bonne conduite, d’autres entament un parcours plus concret et plus impliquant pour les salariés, nécessairement plus complexe. Récit de la mise en place d’un projet à long terme chez Pierre & Vacances
En 1967, Gérard Brémond, le fondateur du futur groupe Pierre & Vacances, lançait à Avoriaz un concept novateur, celui d’une station touristique de montagne d’un nouveau genre, intégrée à l’environnement et sans voiture. Près de trente ans plus tard, le groupe continue de s’intéresser de près à la question de la gestion des ressources naturelles et met en place un partenariat avec le WWF (World Wild Fund), pour une durée initiale de trois ans. Les deux signataires vont œuvrer ensemble afin d'organiser des actions de progrès environnemental, notamment dans le site pilote de Belle Dune, entre la baie de Somme et la baie d’Authie, ainsi qu’un programme de sensibilisation et de formation destiné aux salariés du groupe, mais aussi à ses clients. "Dans l’histoire du groupe Pierre & Vacances, il y a déjà eu plusieurs actions locales pour la gestion de l’eau ou l’intégration des bâtiments dans le paysage comme à Avoriaz, mais il n’existait pas à proprement parler de prise de conscience collective", explique Maria Outters, directrice de la recherche et de l'innovation chez Pierre & Vacances "Nous avons décidé, en 2004, qu’il y avait matière à généraliser ces pratiques dans nos activités d’exploitation touristique et de construction."
Dans ce but, l’entreprise a recruté une personne chargée à temps plein du développement durable, ainsi qu’une stagiaire chargée des relations avec le WWF. "Le partenariat avec le WWF constituait un bon tremplin pour la mise en place d’une plate-forme commune de communication et d’action sur ce thème, ajoute Maria Outters Il a fallu se doter de moyens et d’objectifs. Nous avons également dû rechercher de l’aide auprès de partenaires externes, capables de travailler sur certaines problématiques spécifiques, notamment l’Ademe (l'Agence gouvernementale de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie), et l’ONG anglaise One Planet Living, qui a développé des projets immobiliers dans la banlieue de Londres avec des principes très pragmatiques. Chacune nous a permis d’entrevoir des solutions adaptées à nos spécificités."
Trois grands axes ont été définis lors de cette période de réflexion. Afin de sensibiliser les salariés, l’équipe chargée du développement durable dans le groupe a mis en place une journée consacrée au développement durable le premier juin dernier, avec des conférences, des dégustations de produits issus du commerce équitable, et la transformation, pour une journée, de la cantine du groupe en restaurant bio. Cette dernière a d’ailleurs enregistré un nombre record de repas servis ce jour-là. Un succès que Pierre & Vacances souhaite pérenniser à la rentrée en mettant en place des contrats spécifiques avec les fournisseurs de denrées alimentaires. "Lors des conférences, Gérard Brémond, notre président, a exprimé les ambitions du groupe sur le plan du développement durable. Le WWF a expliqué les enjeux du réchauffement climatique et du Protocole de Kyoto. Les employés du groupe ont pu parler à des experts, des agriculteurs bio et des commerçants qui vendent des produits issus du commerce équitable. L’information venait à eux, ils pouvaient s’y intéresser ou pas, précise Maria Outters. "Le bilan de cette grande manifestation est très positif. Les salariés se sont montrés curieux. J’ai reçu de nombreux mails, l’intranet a fonctionné à plein, un forum y a été créé pour répondre aux questions de nos collaborateurs. Certains nous proposent des idées et des axes de réflexion. Pour l’instant, nous n’avons pas encore fait appel au bénévolat des salariés, il nous faut d’abord cibler des actions possibles et déterminer de quelle façon nous pouvons nous organiser pour permettre aux salariés de dégager du temps pour ces démarches sur leur temps de travail." D’autres actions ont été mises en place en interne afin de sensibiliser le personnel aux économies de papier, par exemple, grâce à une information sur la quantité d’énergie nécessaire à la fabrication d’une feuille de papier et parallèlement, a été instaurée la collecte sur place en vue de le recycler.
Autre axe de travail, la lutte contre le gaspillage des ressources naturelles en adaptant les méthodes de construction du groupe, avec l’emploi d’isolants adaptés, la généralisation de la récupération d’eau de pluie, le recours aux énergies renouvelables solaires à Belle Dune par exemple, par géothermie dans les "Villages nature" et par biomasse dans le Center Parcs qui devrait ouvrir prochainement en Moselle. Un programme de sensibilisation des chefs de projet et des fournisseurs, en interne à l’aide notamment d’un site intranet spécifique, complète le dispositif. L’intégration des notions de développement durable dans la branche construction du groupe est loin d’être anecdotique, près du tiers des bâtiments utilisés est construit par le groupe.
Enfin, Pierre & Vacances a mis en place des actions de sensibilisation de ses clients, et notamment, de leurs enfants. Ces derniers apprennent les grands principes du respect de l’environnement dans le cadre d’ateliers créatifs et ludiques proposés tous les mardis, dès cet été, dans les villages du groupe. "Nous nous sommes inspirés des idées proposées en interne, comme celles de fabriquer un pluviomètre, un herbier qui regroupe les plantes que l’on peut observer sur le lieu des vacances ou du papier recyclé. Un jeu de l’oie sur les gestes écologiques a été créé spécialement, les enfants le rapportent chez eux. Le but est de les faire réfléchir sur l’impact de leurs gestes quotidiens. Nous allons plus loin que la simple sensibilisation, il s’agit presque d’éducation et nous espérons qu’il en restera quelque chose à la fin des vacances", ajoute Maria Outters.
Pierre & Vacances a axé sa politique de développement durable sur la préservation de l’environnement, une volonté qui n’exclut pas les aspects sociaux selon Maria Outters : "Pour moi, les enjeux sociaux sont déjà bien mis en place au sein de l’entreprise, notamment du point de vue des rapports de parité entre hommes et femmes. Le partenariat entre le département ressources humaines du groupe et l’association SOS Racisme fonctionne depuis un certain temps. Notre but est de continuer à mettre en œuvre des projets concrets partout au sein de l’entreprise."
Le WWF sensibilise le grand public et les collectivités
L’association WWF France œuvre depuis 1973 pour la protection de la nature et sensibilise l’opinion publique à la nécessité de préserver la biodiversité du paysage français. La promotion de la gestion durable des ressources naturelles, de la réduction de la surconsommation et de la pollution sont ses chevaux de bataille. Six missions prioritaires ont été définies, sous les catégories Espèces, Eaux douces, Forêts, Océans & Côtes, Changements climatiques et Toxiques. L’association multiplie les campagnes de sensibilisation, destinées au grand public comme aux collectivités, avec des conférences traitant des réglementations relatives aux émissions de CO2, aux produits toxiques ou qui incitent aux économies d’énergie. Autre axe de sensibilisation, le WWF a conçu des programmes spécifiques d’éducation à l’environnement pour les enfants, avec des actions de sensibilisation comme les "journées Rivières vivantes", l’édition d’un catalogue d’outils pédagogiques pour les professeurs et la création d’un site Internet nommé Panda Junior, lancé en juin 2004. Le guide Planète Attitude Junior, disponible depuis avril dernier, complète ce dispositif de sensibilisation des plus jeunes. Les thèmes relayés par l’association ont trouvé leur public, cette dernière compte en effet près de cent mille membres rien qu’en France.