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I-Tourisme

Cahier Tendances du Welcome City Lab : Tendance 23, Le touriste, expérimentateur et pollinisateur de pratiques innovantes

Anthony Fauré, Directeur Marketing et Innovation d’Unimev - Rédacteur en Chef de l’Innovatoire - Enseignant à Sciences Po Paris - Ecole du Management et de l’Innovation

Crédit photo ©DR

I-Tourisme et Le Quotidien du Tourisme vous proposent de découvrir en feuilleton la dernière édition du Cahier tendances du Welcome City Lab. Tendance 23 : Le touriste, expérimentateur et pollinisateur de pratiques innovantes. 

L’innovation, qu’elle soit technique, technologique ou de service, est une clé permettant d’ouvrir une porte jusqu’alors fermée. Point de départ vers de nouveaux usages, elle est aussi et avant tout une conclusion, l’aboutissement d’un processus d’expérimentation, d’une analyse des attentes et besoins des utilisateurs citoyens. Un saisissement des enjeux qui adviennent. 

Pour naître et grandir, elle a besoin d’un environnement favorisant l’observation, l’addition de variables, les erreurs puis le succès. Fondamentalement d’un laboratoire réunissant les ingrédients qui rendront possible une création qui se diffusera ensuite dans les pores de la société et deviendra usuelle. Tout l’enjeu réside dans le fait de trouver le lieu idéal qui concentrera, dans un périmètre géographique et temporel donné, des ingrédients permettant de construire l’innovation.

Au milieu des centres de recherches, technopoles et autres incubateurs dédiés, deux territoires me paraissent spécifiquement adaptés au développement de nouveaux usages : le laboratoire-ville et le laboratoire événement. Pourquoi ? Car ils disposent d’un ingrédient utile à l’innovation : le touriste (public d’un territoire) et le visiteur (public de l’événement). Trop souvent considérés comme de simples consommateurs, ils sont pourtant bien plus que cela : d’abord des révélateurs de l’expérience territoriale, ensuite des constructeurs de cette même expérience s’ils sont stimulés ; enfin, plus stratégique encore, des pollinisateurs de pratiques innovantes.

La ville, laboratoire urbain dont le touriste est l’ingrédient externe parfait

Le touriste, cet ingrédient humain à la grande diversité (d’origine, classe sociale, pratique et opinion), est un élément précieux pour ceux qui construisent la ville. A la différence du résident qui « est » sa ville, lui découvre un nouvel environnement pour la première fois et met à l’épreuve les solutions proposées. Quand le résident saura se repérer sans aide dans cette gare qu’il connait bien, le touriste sera attentif aux signalétiques et points d’informations. Quand l’habitant connaitra l’offre culturelle et commerciale par cœur, le touriste attendra un accompagnement digital ou humain lui permettant de la connaître. Son œil neuf devient un révélateur sans fard de l’expérience territoriale, depuis sa phase amont (lorsqu’il se renseigne sur la destination depuis chez lui) jusqu’à l’aval (quand il est de retour). Quand le résident s’accommode des manques voire ne les relève plus, lui ne peut passer au travers et peut faire émerger des besoins en nouvelles solutions territoriales. 

Parcourant ce laboratoire urbain, le touriste va tester les innovations d’infrastructure qu’on lui propose pour encadrer son expérience. Avec son smartphone, il suivra de nouveaux parcours en réalité augmentée racontant l’histoire d’un bâtiment ou d’un quartier, utilisera de nouvelles mobilités vertes ou autres conciergeries touristiques, parcourra cet espace vert qui s’événementialise à la nuit tombée, jugera ou non rassurante la gestion de la distanciation sociale dans les transports, cafés, lieux de culture et d’événement, au regard des innovations qui ne manqueront pas d’essaimer pour lutter contre la Covid-19 et ses effets. 

Si les innovations d’infrastructures sont nombreuses, les innovations de contenu touristique, motif du séjour, le sont tout autant. Celles d’hier, comme le Grand Palais et la Tour Eiffel qui avant d’être des atouts touristiques sont des prouesses industrielles du siècle dernier. Citons encore les nouveaux quartiers culturels et créatifs qui s’inscrivent dans le cadre de revitalisation territoriale et deviennent des motifs de rayonnement touristique fort : ici Ground Control ou le Mob Hotel, là l’Ile de Nantes, le Projet Darwin à Bordeaux ou les diverses Cités de la Gastronomie. Ou quand le touriste, par sa venue même, valide une stratégie d’attractivité culturelle et événementielle innovante et ambitieuse. L’observation de son comportement au sein du laboratoire-ville devient alors impérative, pour qui veut passer au crible l’expérience de vie de son territoire et identifier ses besoins en innovation pratique.

Les événements, créateurs d’innovation par leur nature grégaire

Pour les mêmes raisons, le laboratoire événementiel est aussi un terrain d’expérimentation totale. Il va mettre ses publics à l’épreuve de ses innovations logistiques, nouvelles solutions de gestion de files d’attente, vestiaire automatique, expérience de restauration repensée, signalétique dynamique ou embarquée. Parfois, et la crise de la Covid-19 « aura aidé », c’est tout entier qu’un événement se transforme faute de pouvoir se tenir, exemple fameux : le salon Laval Virtual en avril 2020 qui aura offert de nouvelles possibilités digitales à ses publics. Aux e-visiteurs de valider ou non l’expérience vécue. 

Au-delà de l’aspect logistique, les événements peuvent aussi être des laboratoires d’intelligence par leur contenu exploratoire : nouveau programme de conférences inspirantes, zone d’inspiration et tendances, challenge de startups, la liste est longue. Plus engageants et expérimentaux encore, certains événements ont l’ambition de construire leurs innovations en temps réel avec leur public, comme avec le hackathon réalisé lors du salon Nautic à Paris en décembre 2018, où une sélection de visiteurs et exposants ont eu à imaginer durant 2 jours, par petits groupes, la base de loisirs nautique de demain, avec remise de prix pour le projet le plus innovant par la Ministre des Transports Elisabeth Borne à la clé. Où quand l’individu n’est plus simplement observé mais impliqué dans l’expérimentation collective. Une étape est franchie.

En définitive, ville comme événement ont à disposition la présence de cet ingrédient extérieur (touriste ou visiteur) pour tester et construire leurs services, logistiques et contenus : autant d’atouts qui feront leur attractivité demain. A eux d’en profiter… mais à eux de ne pas oublier que ce même individu, en quittant le laboratoire urbain ou événementiel, redevient l’habitant de son propre territoire et quotidien. Il a lui aussi profité de cette expérience pour s’enrichir et changer. Il n’est plus le même car il est devenu laboratoire-humain, facette si occultée de l’innovation.

Le touriste ou visiteur, l’abeille pollinisatrice de nouvelles pratiques

Car le touriste-visiteur est bien reparti les mains pleines d’expériences vécues, de savoirs emmagasinés, de pratiques découvertes. Hier, il rapportait des denrées alimentaires de ses voyages ou de nouvelles « innovations » picturales, comme le montrent les échanges entre la peinture flamande et italienne durant la Renaissance ; aujourd’hui il rapporte d’Amsterdam l’envie de se déplacer à vélo en ville, de la campagne l’envie de disposer de fermes urbaines pour mieux se nourrir. Il rapportera un nouveau rapport à la consommation textile, s’il est allé au Salon Impact dédié à la mode responsable. Au contact des innovations butinées, il deviendra ce pollinisateur de nouveaux usages une fois chez lui ; incubateur vivant de projet et envie de changer le monde. Quel potentiel de diffusion d’énergie positive ! 

Bien souvent, les territoires et les événements ne cherchent à capter le visiteur que pour ce qu’il peut leur apporter (financièrement, médiatiquement). Ils peuvent, doivent aller plus loin et avoir la volonté d’observer ses usages et de l’impliquer davantage ; mais surtout de lui léguer l’envie et les connaissances pour construire l’avenir chez lui. Ne pas en faire qu’un « ambassadeur » au service d’eux-mêmes mais au contraire d’être à son service, l’aidant à véhiculer les valeurs et savoirs qu’il emportera partout avec lui, là où ses pas le mèneront. N’est-ce pas là l’origine même du tourisme antique que de partir découvrir les humanités et de revenir transformé et éduqué par son voyage ?

Auteur

  • Anthony Fauré, Directeur Marketing et Innovation d’Unimev - Rédacteur en Chef de l’Innovatoire - Enseignant à Sciences Po Paris - Ecole du Management et de l’Innovation  
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