Le syndicat des agences de voyages a lancé sa plateforme pour permettre à ses adhérents de vendre la destination France. Alliance DMC suit la même démarche pour faciliter l’intermédiation du public avec les territoires. Les initiatives se multiplient depuis le début de la crise, sur base de numérique, pour promouvoir les atouts des régions. Comment l’Office de Tourisme de La Plagne relève ce défi ?
Interview de Rémy Counil, directeur général de l’Office de Tourisme de La Plagne.
i-tourisme : Le moment n’est-il pas venu de pousser l’attractivité de la montagne dans sa globalité, c’est-à-dire au-delà de la pratique du ski, avec les outils numériques pour mieux valoriser la diversité de votre région ?
Rémy Counil : Deux réponses à apporter à votre question. D’abord nous avons toujours promu la montagne dans sa globalité. Bien sûr, le ski reste la motivation majeure des touristes en hivers. Mais nous communiquons en permanence sur la diversité des activités qu’offre la montagne. Ce qui change aujourd’hui c’est notre capacité à mailler l’économie locale dans une seule et même plateforme. Cette diversité est mieux valorisée. Vous pouvez en 2 à 3 clics réserver votre séjour en vous connectant possiblement auprès de l’ensemble des acteurs de notre territoire.
i-tourisme : Même dans le contexte actuel ?
Rémy Counil : Justement, avec les incertitudes du moment où les défaillances de certains TO, notre plateforme agit comme tiers de confiance pour permettre de monter facilement des packages actualisés, avec option transport, le tout avec la fiabilité d’une plateforme propriétaire. D’où notre slogan : qui mieux que La Plagne peut vendre La Plagne ?
i-tourisme : Tiers de confiance, c’est-à-dire ?
Rémy Counil : Elle se justifie par notre faculté à agréger toute la richesse de l’offre de notre territoire avec une seule porte d’entrée. Pour ce faire, nous sommes parvenus avec une large granulosité, à connecter tous types de contenu. L’avantage c’est de faire travailler le commerce local et de garantir la qualité de service puisque nous connaissons le professionnalisme de chacun. Voilà pourquoi je parle de tiers de confiance. Derrière notre plateforme, vous avez des hommes et des femmes très impliquées dans notre plateforme et qui tiennent à valoriser leur savoir-faire.
i-tourisme : Il doit être difficile en pleine crise de vous demander quels sont les résultats, mais avez-vous des tendances à nous donner ?
Rémy Counil : Plus que des tendances, des faits et en particulier ceux de l’été 2020 que nous avons analysés précisément. Revenons en arrière pour bien comprendre la situation. En juin de l’année dernière, les intentions de départ des Français laissaient espérer une belle saison pour la montagne. En effet, si la destination mer gardait son leadership naturel pour cette période, la destination montagne passait devant la ville et la campagne. Sauf que rien ne se concrétisait dans les chiffres. Les réservations ne décollaient pas. Ce n’est que début juillet que le mouvement prit de l’ampleur. L’accélération fut spectaculaire avec une très nette augmentation des séjours réservés à la toute dernière minute : à 48 heures, parfois le jour même. Résultat, nous avons eu la meilleure saison d’été de ces dernières années. Notre plateforme a permis cette performance grâce à la gestion des stocks en temps réel, de l’hébergement à l’ensemble des activités proposées.
i-tourisme : Donc avec une clientèle additionnelle nouvelle probablement ?
Rémy Counil : Exactement et ce qui est intéressant c’est la qualité des retours. Les avis sont tous très favorables. Les taux de satisfaction se révèlent être excellents. Nous engageons évidemment une campagne de fidélisation à l’aide de notre CRM.
i-tourisme : De quoi vous redonner un peu d’espoir suite à la fermeture des remontées mécaniques de cet hiver. À ce sujet quel est le bilan ?
Rémy Counil : Le point positif reste la très large satisfaction des touristes qui décidèrent de maintenir leur réservation. Dans l’ensemble ils n’ont pas regretté leur séjour et les activités annexes comme les raquettes ou le ski de randonnée ont fonctionné à 100% de leur capacité. Nous aurions même pu faire encore mieux avec plus de matériel, ski de rando, raquettes et vélo pour les ballades en VTT, quand les conditions le permettaient. Cela exige une amélioration de l’organisation dont nous allons tenir compte pour les saisons à venir. Par contre, en l’absence du ski de piste, le panier moyen chute brutalement. Notre fréquentation habituellement de 90% en haute saison ne dépassait pas les 25 à 35%. Nos objectifs seront donc de mieux faire connaître ces activités complémentaires, mais en deuxième rideau dernière le ski alpin.
i-tourisme : Pour conclure, comment voyez-vous l’évolution du secteur ?
Rémy Counil : Très clairement, les plateformes capables de gérer les flux rassemblant l’ensemble de l’économie locale dans un seul et même système représentent l’avenir. Elles vont non seulement faciliter le parcours client et aussi garantir la qualité de service. Le numérique n’est pas forcément synonyme de relations déshumanisées. Il permet de connecter le commerce de proximité avec les clients demandeurs de circuit court. Voilà la tendance à laquelle la technologie doit répondre. Sans oublier celle liée à l’environnement.
i-tourisme : De ce côté-là, vous êtes bien placé...
Rémy Counil : C’est vrai que notre atout majeur repose sur nos grands espaces. Les Français manifestent de plus en plus leur attirance envers la nature et aspirent à se ressourcer avec des activités au grand air et le calme qu’évoque nos paysages. Ce sont les valeurs émergentes, surtout depuis l’année dernière. À nous de capitaliser sur cette tendance et de l’accompagner dans sa durabilité en actionnant 2 axes : la facilitation du parcours client et le renforcement des liens qui nous lient avec nos vacanciers par un CRM particularisé.