Mazagan Beach & Golf Resort n’est pas seulement un resort balnéaire haut de gamme. C’est aussi un acteur économique structurant pour la région d’El Jadida–Azemmour
Emploi local, formation, inclusion des jeunes, réduction de l’empreinte environnementale, valorisation du terroir, accueil des grands événements internationaux : le site pèse sur le tourisme, mais aussi sur le développement économique du territoire. Et ce n’est qu’un début, alors que les grands travaux de mobilité et d’infrastructures autour du littoral atlantique marocain s’accélèrent en vue de la Coupe du monde 2030.
Quand Mazagan Beach & Golf Resort a ouvert en 2009, le pari paraissait audacieux : implanter un resort cinq étoiles sur un littoral encore largement agricole et halieutique, au sud de Casablanca, dans une région – Doukkala – historiquement tournée vers la pêche, l’élevage et les cultures maraîchères. Seize ans plus tard, le pari a clairement dépassé la seule logique hôtelière.
Un pôle touristique devenu moteur économique
Le resort représente plus de 1 400 emplois directs sur site et plus de 2 000 emplois induits dans la région d’El Jadida, entre services, transport, approvisionnement alimentaire, agriculture, artisanat et construction. Le chantier initial a mobilisé près de 3 800 ouvriers pendant 21 mois, une cadence rarement vue dans le pays, pour livrer un complexe de près de 500 chambres, un golf 18 trous signé Gary Player, un casino, un spa, un centre de conférences et 67 villas privées.
Aujourd’hui, l’établissement fonctionne comme une micro-économie intégrée : près de 1 000 collaborateurs en CDI à l’année, et jusqu’à environ 1 500 personnes en haute saison (de mai à octobre), dont près de 250 stagiaires qui viennent se former aux métiers opérationnels. Cette montée en puissance saisonnière, assumée, profite directement à l’emploi local et à la qualification des jeunes.
Le resort reste aussi une locomotive pour l’hôtellerie marocaine côté loisirs et côté affaires. La clientèle loisirs familiale reste massive, mais l’activité MICE – séminaires, conventions, incentives – peut représenter à elle seule autour d’un tiers des nuitées, tirant vers le haut la notoriété internationale de la destination et sa capacité à attirer des événements d’envergure.
©Violaine Cherrier
Former localement, employer durablement : l’Académie Mazagan
Mazagan ne se contente pas d’embaucher. Le resort forme. L’Académie Mazagan, lancée après la crise Covid, cible les jeunes de la région qui ont décroché du système scolaire classique. Le principe est simple et concret : 20 % de théorie, 80 % de pratique. Les stagiaires y apprennent les métiers de la restauration, du service en salle, de la cuisine ou de l’hébergement en conditions réelles, au cœur même du resort. Le transport est pris en charge, l’encadrement est professionnel, et la formation débouche sur un diplôme reconnu par l’État.
Chaque promotion accueille plusieurs dizaines de jeunes (environ 90 par cohorte selon les saisons), six jours sur sept. Une partie d’entre eux est ensuite directement intégrée dans les équipes. Ce modèle de pré-recrutement qualifiant constitue un vrai moteur d’emploi en hôtellerie pour le bassin local. Mais pas que. Les jeunes diplômés peuvent ensuite être embauchés partout dans le pays et même à l’international.
L’objectif affiché par la direction : créer un vivier local fidèle, formé aux standards internationaux, plutôt que d’importer massivement des compétences de Casablanca ou de Marrakech.
Cet engagement social se concrétise aussi dans certains gestes du quotidien :
- Navettes mises en place pour faciliter le transport des employées ;
- Célébration officielle des enfants du personnel qui obtiennent de bons résultats scolaires ;
- Accès préférentiel aux prestations du resort (coiffure, restauration à tarif réduit, programme « Friends & Family » qui permet aux proches du personnel de séjourner à prix avantageux).
Ce lien employeur–territoire, dans l’hôtellerie de luxe, reste loin d’être la norme.
Une politique RSE intégrée
Au Mazagan Beach & Golf Resort, le terme RSE n’est pas un argument marketing placé en fin de plaquette : c’est une série de choix industriels lourds. Mazagan a progressivement mis en place une politique environnementale structurelle, récompensée par une certification EarthCheck renouvelée plusieurs années de suite.
Le resort opère aussi sa propre station d’épuration depuis 2009. Les eaux usées (y compris celles liées aux piscines) sont retraitées puis réutilisées pour l’arrosage du golf et des espaces verts, via un réseau de goutte-à-goutte conçu pour limiter la consommation d’eau. C’est un enjeu crucial sur ce littoral atlantique où les ressources hydriques sont précieuses.
©Violaine Cherrier
Même logique côté déchets organiques : une station de compostage interne permet de transformer les biodéchets issus des cuisines et restaurants en engrais naturel. Une partie de ce compost est utilisée sur le domaine, l’autre est redistribuée à des exploitations agricoles locales. Des producteurs locaux qui fournissent en grande partie les cuisines de l’hôtel, Doukkala étant l’une des régions agricoles les plus importantes du Maroc, connue notamment pour sa production céréalière.
Le resort a aussi engagé une réduction active du plastique à usage unique : bouteilles en verre, fontaines à eau, alternatives réutilisables. L’idée n’est pas seulement de limiter les volumes de déchets sur site, mais de diffuser de nouvelles pratiques à des clientèles qui, pour beaucoup, viennent du MICE et des événements d’entreprise. Autrement dit, des décideurs.
Enfin, Mazagan organise des campagnes régulières de nettoyage de la plage et de la forêt d’eucalyptus voisines, mobilisant à la fois les équipes internes et parfois les participants des séminaires, dans une logique de team building « à impact ».
©Violaine Cherrier
Une stratégie territoriale qui dépasse le resort
Le poids du resort s’inscrit dans un territoire en pleine mutation.
Juste en face du domaine doit s’implanter un nouveau pôle urbain mixte, pensé comme un hub d’innovation et de services. On y parle déjà de futurs établissements d’enseignement supérieur (écoles d’ingénieurs, universités scientifiques), de zones résidentielles haut de gamme, de bureaux et d’un centre commercial, le tout pensé dans une logique de « ville verte » et « smart city ». L’objectif est clair : faire émerger un pôle d’attractivité économique structurant entre Casablanca et El Jadida, là où Mazagan fait déjà office de locomotive touristique et événementielle.
©Violaine Cherrier
Autre transformation majeure : l’arrivée de la ligne à grande vitesse marocaine, prolongement du réseau LGV déjà en service entre Tanger et Casablanca depuis 2018. Le projet prévoit l’extension vers Marrakech puis Agadir, avec une desserte nouvelle le long du littoral atlantique sud. L’une des futures gares est annoncée dans l’axe direct du resort, à proximité immédiate.
L’enjeu dépasse le confort des voyageurs : il s’agit d’arrimer définitivement la région au corridor nord-sud du pays, dans la perspective de la Coupe du monde 2030, dont le Maroc est co-organisateur. Cette accessibilité nouvelle constitue un avantage compétitif direct pour le tourisme loisirs… mais aussi pour le MICE, qui pourra alors projeter des groupes internationaux à moins de deux heures d’un hub aérien majeur, sans rupture de charge routière.
Concrètement : là où El Jadida était historiquement perçue comme une échappée balnéaire, on assiste à la naissance d’un véritable arc économique intégré Casablanca – Mazagan – El Jadida.
Casablanca, poumon économique à une heure
Difficile de parler du rôle régional de Mazagan sans évoquer Casablanca. La métropole, distante d’environ une heure par la route, reste la capitale économique du Maroc et l’un des écosystèmes d’affaires les plus dynamiques du continent africain. Casablanca Finance City (CFC), zone financière internationale créée en 2010 pour attirer les sièges régionaux d’entreprises, a séduit plus de 200 sociétés internationales et généré plus de 7 000 emplois qualifiés, tout en positionnant le Maroc comme porte d’entrée vers l’Afrique subsaharienne.
Selon le Global Financial Centres Index (GFCI), Casablanca demeure l’un des centres financiers les mieux classés du continent : deuxième hub financier africain dans l’édition de septembre 2025, et premier ou deuxième africain selon les classements publiés depuis 2024, derrière l’île Maurice et devant des places comme Kigali, Le Caire ou Nairobi.
Cet ancrage financier, combiné à la stabilité politique du Maroc et à l’ouverture de l’économie vers l’Afrique de l’Ouest, nourrit une demande soutenue pour les événements corporate, les roadshows internationaux, les rencontres sectorielles et les séminaires de direction. Mazagan en bénéficie directement :
- En captant des événements d’entreprise qui veulent garder Casablanca comme point d’entrée mais cherchent un cadre plus exclusif que l’urbain pur ;
- En devenant la « bulle » de respiration et de travail off-site pour les comités exécutifs, boards et réseaux commerciaux venus d’Europe, d’Afrique et du Moyen-Orient.
À cela s’ajoute la fréquence aérienne : une dizaine de vols quotidiens entre Paris et Casablanca, opérés principalement par Air France et Royal Air Maroc, sécurisant l’accessibilité du resort pour les équipes françaises (le marché représente jusqu’à 50 % du MICE à certaines périodes).
Un ancrage culturel et patrimonial : El Jadida et Azemmour
Si le resort est partie prenante du développement économique de la région, il est également pleinement intégré à son territoire immédiat. Un territoire à l’identité forte et aux points d’intérêt touristiques nombreux.
©Violaine Cherrier
À vingt minutes à peine, El Jadida (l’ancienne Mazagan portugaise) est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO. Sa cité fortifiée, ses remparts du XVIᵉ siècle, sa célèbre citerne portugaise aux arches gothiques en font un décor idéal pour des soirées de gala, des dîners privés ou des visites culturelles haut de gamme pour des délégations étrangères. Ici, on flâne dans la médina, on visite le souk, on se balade le long de l’océan et on savoure un thé à la menthe face aux remparts. Des navettes gratuites entre l’hôtel et la ville sont mises à disposition des résidents. Chaque année, la cité accueille également un événement international incontournable : le salon du cheval d’El Jadida.
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Encore plus proche, Azemmour, une des plus anciennes villes du Maroc, se dresse au-dessus de l’embouchure de l’Oum Er-Rbia. Idéal pour une balade en barque. Ville blanche aux portes bleues, réputée pour son artisanat, ses ateliers d’artistes et ses ruelles voûtées, elle offre une alternative plus intimiste, presque confidentielle. Là aussi, Mazagan joue le rôle de facilitateur : transport, privatisation de lieux, scénarisation d’expériences. L’enjeu n’est pas seulement touristique. C’est une manière d’orienter des flux à pouvoir d’achat élevé vers des acteurs locaux (artisans, restaurateurs, guides indépendants). La ville accueille, elle aussi, tous les ans un événement réputé au Maroc et au-delà des frontières : Remp'Arts Festival, un festival de street art.
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Ce maillage culturel – Azemmour, El Jadida, Oualidia et sa lagune aux huîtres, Casablanca et son hub financier – compose une offre de destination complète, qui dépasse l’image du « resort balnéaire isolé ». Mazagan capitalise sur ce positionnement et, en retour, contribue à le rendre visible à l’international.
Un levier de transformation régionale
Ce troisième pilier à l’actif du Mazagan Beach & Golf resort – après le loisir haut de gamme et le MICE – est peut-être le plus stratégique pour la prochaine décennie : Mazagan comme acteur de transformation territoriale.
D’un côté, le resort porte une vision sociale locale (emploi, formation, inclusion des jeunes, montée en compétence féminine dans les équipes et dans l’encadrement). De l’autre, il accompagne une recomposition économique majeure du littoral atlantique marocain : amélioration des mobilités (future gare LGV à proximité immédiate en lien avec l’extension de la grande vitesse, notamment dans la perspective de la Coupe du monde de football 2030), création d’un hub urbain nouvelle génération juste en face du site, montée en gamme de l’offre événementielle du royaume et ancrage de Casablanca comme centre financier africain de premier plan.
Pour les professionnels du tourisme, ce n’est pas un simple décor. C’est un signal. Mazagan n’est plus seulement un produit vendable. C’est un actif stratégique du territoire.
