Lors d'un échange avec Le Quotidien du Tourisme, Marc-Antoine Blondeau souligne l'engagement de French bee à offrir des tarifs compétitifs sans compromettre le confort, tout en mettant l'accent sur la durabilité grâce à l'utilisation de l'Airbus A350
Le Quotidien du Tourisme : Pourriez-vous nous parler de l'histoire de French Bee et de ses objectifs ?
Marc-Antoine Blondeau : La compagnie a été créée en 2016, par le groupe Dubreuil, notre groupe actionnaire, avec l’ambition de créer une compagnie low cost long-courrier un peu différente de ce qu'on pouvait voir sur le marché du voyage et du transport aérien.
Dès sa création, French bee a voulu casser un certain nombre de codes du voyage qu'on rencontrait dans le transport aérien français ou européen. En tant que compagnie moderne et accessible en termes de prix, notre objectif reste de proposer un meilleur tarif à nos clients, mais avec une qualité de confort à bord et une qualité d'expérience du voyage tout à fait satisfaisante.
Comment faisons-nous ? On y arrive grâce à notre personnel de cabine, jeune et dynamique, avec 20 nationalités différentes, c'est une vraie richesse. Et puis nous réussissons grâce à notre tarification à la carte qui nous permet de proposer le meilleur prix et le juste service par rapport aux besoins des clients. Sans oublier qu’aujourd'hui, nous opérons certainement l'avion long-courrier le plus performant au monde avec l'Airbus A350, qui nous permet d'offrir, que ce soit en termes de confort à bord, de système de divertissement, d'internet à bord, ou du niveau de bruit dans la cabine, une très belle expérience de voyage à nos passagers.
Le Quotidien du Tourisme : Par rapport à vos objectifs de croissance, comment French Bee a-t-elle évolué depuis sa création ?
Marc-Antoine Blondeau : French bee a une croissance maîtrisée depuis 2016. Nous avons ouvert notre première route vers La Réunion en 2017, qui est aujourd'hui une vraie réussite. Nous sommes aujourd’hui un acteur majeur sur cette destination. Puis, une croissance maîtrisée avec l'ouverture d'une route tous les ans, tous les deux ans, notamment sur les Etats-Unis avec nos 4 destinations, la Polynésie française vers Tahiti et puis depuis une semaine Montréal.
Pour revenir sur l’année 2024, c'est la première fois que French bee a transporté plus d’un million de passagers. C’est un chiffre symbolique, nous avons transporté précisément 1 065 000 passagers. Maintenant, notre objectif, c'est une véritable consolidation de nos routes que nous opérons jusqu'à aujourd'hui. Nous visons le même niveau de trafic aux États-Unis, à la Réunion et en Polynésie. Ajouté à l’ouverture de notre nouvelle route. En termes de passagers on parle de 10 à 15 % de passagers en plus.
Le Quotidien du Tourisme : Est-ce que vous pourriez vous présenter et nous parler de votre parcours ?
Marc-Antoine Blondeau : Bien sûr. J'ai une passion pour le transport aérien depuis mon enfance. Transporter des voyageurs, des familles qui se retrouvent, des jeunes qui vont découvrir la planète, je pense qu'on peut être assez fiers de ce métier.
J'ai une formation d'ingénieur en aéronautique. J'ai commencé ma carrière chez Air Caraïbes au sein de la maintenance des avions il y a 15 ans, à l’époque où la compagnie n’avait quatre avions long-courriers. J’ai toujours apprécié garder ce lien avec le terrain et ce lien avec les métiers. J'ai participé à la croissance de l'entreprise en occupant différents postes et différentes fonctions. J'ai eu la chance d’être responsable du projet d'entrée en flotte des Airbus A350 au sein d’Air Caraïbes en 2017 puis de devenir directeur des opérations aériennes d’Air Caraïbes.
En 2024, j'ai eu l'opportunité à 37 ans de prendre la direction générale de French bee. Je couvre l'ensemble du domaine opérationnel, mais également commercial de l'entreprise avec le pilotage d’une dizaine de départements différents.
Noémie Le Liboux
Le Quotidien du Tourisme : Concernant les destinations desservies par French bee, pourquoi êtes-vous autant concentré sur le continent nord-américain avec maintenant le Canada, et également pourquoi la Réunion ?
Marc-Antoine Blondeau : Le modèle de French bee, c'est un modèle qui s'appuie sur deux types d’avions : l’Airbus A350-1000 avec 480 places et l’A350-900 avec 411 places. Pour proposer le meilleur tarif à nos clients, il faut avoir le meilleur taux de remplissage possible. Pour avoir un taux de remplissage important, il faut se positionner, compte tenu de la taille de nos avions, sur des routes à fort trafic comme par exemple la route entre Paris et La Réunion. Les destinations que nous desservons aujourd'hui aux États-Unis en font partie également. Et quand on parle de route à fort trafic, ce sont celles qui dépasse le million de passages annuels. Et Montréal avait du sens, puisque nous regardons non seulement les routes à fort trafic mais également la clientèle. Il y a une vraie attente des clients, du modèle French bee sur une destination comme Montréal, où vous avez des familles, des étudiants, et la relation est forte entre le Québec et la France. Il y a une vraie demande, notre produit plaît à nos clients puisque nous avons déjà vendu 55 000 billets pour l'été à venir. De plus, notre premier vol Montréal Paris-Orly était complet vendredi 2 mai.
Le Quotidien du Tourisme : Et concernant les réservations pour cet été, est-ce que vous voyez des tendances, des changements de comportement chez les voyageurs, avec « l'effet Trump »?
Marc-Antoine Blondeau : Au global, nous avons une demande de voyage de clients toujours dynamique. On parle beaucoup de pouvoir d'achat et je pense que French bee est la bonne réponse à une baisse de pouvoir d'achat, puisque notre ambition est de proposer le meilleur tarif et de dépenser durant vos vacances ce que vous ne dépenserez pas dans votre voyage. La dynamique est bonne, on observe une légère baisse de trafic sur les Etats-Unis mais ce n’est pas majeur. Le trafic est stable sur la Réunion. Un démarrage pour Montréal plus dynamique que nous l’imaginons.
Nous avons de plus en plus de clients américains, qui veulent venir découvrir Paris. On pense que l’effet Jeux Olympiques de 2024 a été favorable pour la destination. Concernant les clients canadiens, c'est un peu tôt pour le dire.
Le Quotidien du Tourisme : Vis-à-vis de la concurrence, comment French bee, avec son système smart cost, se distingue des autres compagnies aériennes ?
Marc-Antoine Blondeau : Au-delà du prix, c'est vrai que le modèle de French Bee, c'est de proposer un service à la carte que ne propose pas nécessairement nos concurrents : avec des avions modernes, le choix des services désirés entre l’accès à un salon à l’aéroport, le repas à bord, l’accès au wifi,… Et nous avons de vraies exigences de qualité de service et d’accueil envers nos personnels navigants commerciaux. Quand ils terminent leur formation commerciale chez French bee, après une quinzaine de jours, ils ont l'ADN du service French bee, de qualité. Nous souhaitons également mettre une touche française avec de la musique française à bord de nos avions par exemple, ou la déclinaison de nos repas. Cette « french touch » doit nous démarquer.
De plus, nous avons un code share avec Air Caraïbes et des partenaires importants comme Alaska Airlines aux Etats-Unis. Cela permet à nos clients d'arriver à Los Angeles ou à San Francisco, et de se rendre dans une autre ville américaine par exemple. À présent, nous travaillons avec des acteurs au Canada pour pouvoir proposer à nos clients, à partir de Montréal, de pouvoir continuer leur voyage sur le continent nord-américain.
Le Quotidien du Tourisme : D’un point de vue écologique, quelles actions mène French Bee ?
Marc-Antoine Blondeau : C'est évidemment une priorité pour nous et ce n'est pas qu'un discours. Il y a trois axes sur lesquels nous travaillons.
Le premier, c'est le renouvellement des flottes. Nous étions la première compagnie dans le monde à avoir une flotte uniquement d'Airbus A350. Grâce à cet avion nos émissions carbone sont réduites de 25%. Et grâce à la configuration de nos avions, nous avons l'empreinte carbone par passager transportée la plus faible. Par exemple, nous consommons en moyenne 2,2 litres par passager par 100 km sont consommés quand un client se rend sur l'île de la Réunion à bord de French bee.
Le deuxième axe sur lequel nous travaillons, c'est la digitalisation. Nous investissons fortement en termes d'outils, d'éco-pilotage pour nos pilotes, ou de systèmes pour mieux anticiper des conditions météo et mieux optimiser le vol. Nous avons une équipe qui s'appelle la Green Team, existant depuis plusieurs années, qui est très transverse, dans laquelle vous avez des ingénieurs, des pilotes, mais également des personnels de cabine et des opérations au sol. L'idée, c'est de s'appuyer sur l'agilité de French bee et de mélanger ces équipes pour travailler autour des enjeux de réduction de l’impact écologique de nos opérations. Ils travaillent notamment avec un outil digital et nous arrivons à réduire de façon assez significative notre empreinte carbone.
Enfin troisième action sur laquelle nous travaillons, et c'est certainement l'action sur laquelle nous pouvons encore fortement progresser, c'est de faire travailler l'ensemble des acteurs du transport aérien ensemble pour être le plus efficace possible dans nos opérations. Quand vous faites un vol long-courrier, ça implique quasiment une trentaine d'acteurs.
Le Quotidien du Tourisme : Avez-vous des accords commerciaux avec des agences de voyages ?
Marc-Antoine Blondeau : Dans le cadre de notre stratégie multi-canal, nous sommes présents dans les GDS et revendus par les agences de voyage qui représentent environ 25% de nos ventes. La compagnie French Bee est également référencée depuis le 1/01/2024 par les principaux réseaux de distribution comme Selectour/ Havas voyages, Tourcom ou Manor. Nous collaborons également avec les agences de voyage pour le segment des groupes et du MICE.
Le Quotidien du Tourisme : Pour conclure cette interview, comptez-vous commander un nouvel avion pour agrandir votre flotte ou développer une nouvelle route prochainement ?
Marc-Antoine Blondeau : Aujourd'hui, le groupe n'a pas de commande d'avion ferme. Néanmoins, je pense que l'une des forces de French bee, c'est son agilité. Nous avons pris la décision de lancer Montréal une année avant. Les équipes commerciales et les équipes opérationnelles ont commencé à travailler dessus six mois avant. Avec cette agilité, nous sommes capables de lancer une route aérienne en six mois. Tout est possible en fonction des opportunités et surtout de la demande des clients.