Le tourisme à Cuba est sous embargo de la part des Etats-Unis depuis l'automne dernier. L'offre aérienne au départ de France s'est réduite. Les difficultés d'approvisionnement font de Cuba une destination à part.
"Sur Cuba, on revient à la situation d'avant Obama" résume Philippe Sangouard, directeur général de Boomerang (Kappa Club Coralia). L'administration Trump a en effet décidé d'annuler les mesures facilitant l'accès de l'île aux Américains et renforcer l'embargo. Par avion, depuis octobre, les Américano-Cubains et les touristes ne peuvent plus se rendre directement à Cuba que sur La Havane. Et depuis juin, les navires de croisières n'ont plus le droit d'y faire escale.
Des tarifs stables sur l'hôtellerie, en hausse sur l'aérien
Pour les tour-opérateurs français qui craignaient un retour en force des touristes américains et une flambée des prix hôteliers, la nouvelle n'est pas trop mauvaise. "Les hôteliers cubains n'ont pas poussé leurs ambitions tarifaires" confirme Patrice Caradec, président d'Alpitour France (Bravo Clubs). Toutefois, le dirigeant note une baisse des départs en ce début d'hiver "après une très belle année 2019 où Cuba a été notre destination n°1" .Au départ de France, l'offre aérienne a, en revanche considérablement réduit: XL Airways a fait faillite et Corsair a arrêté la desserte cubaine. Désormais en vols directs sans escale vers Cuba, seules Air France et Air Caraïbes opèrent sur La Havane pour l'une, La Havane et Santiago pour l'autre. Une raréfaction de l'offre qui "rend l'aérien moins compétitif", estime Grettell Lopez, directrice d'Havanatour. De quoi expliquer le retard dans les prises de commande cet hiver selon le spécialiste de la destination qui a fait voyager 7.000 clients sur Cuba l'an dernier.
Une offre large sur le marché français
La destination Cuba reste prisée du marché français. L'offre est riche en clubs : 2 Lookéa dont le nouveau concept Explorea, 1 Framissima, 2 clubs Coralia, 1 Kappa City, 1 Bravo Club, 1 Ôclub Expérience. Les circuits ne sont pas en reste chez les généralistes (8 accompagnés et 2 autotours chez NF/ TUI, 3 chez Fram, 2 chez Kuoni) et les spécialistes (Amerigo, Havanatour, Sol Latino...).Sur l'hiver 2019-2020, les TO n'ont pas tous le même succès sur Cuba. Leader sur la destination avec 20.500 pax l'an dernier, TUI constate "une belle progression à deux chiffres sur Cuba avec les 34 séjours Passion des îles" chez l'habitant, combinés ou à l'hôtel. Chez Fram, devant l'engouement il a fallu "doubler voire tripler des circuits". Tandis qu'Havanatour, par exemple, engrange "les ventes de dernière minute".
Expliquer aux clients le manque de denrées
Néanmoins la difficulté reste l'approvisionnement en denrées alimentaires. L'embargo américain qui prive de revenus touristiques l'île caribéenne peut compliquer davantage les importations y compris de produits alimentaires. "Ce n'est pas une destination que l'on choisit pour ses buffets. Ça a toujours été comme ça" rappelle Philippe Sangouard."Selon les jours, il peut manquer du lait, de la farine ou de la viande, énumère Patrice Caradec. Mais le client est prévenu, il le sait et vient à Cuba plutôt pour la découverte culturelle. En tant que tour-opérateur, nous restons vigilants sur la qualité de service et l'approvisionnement."
"Lorsque l'on fait des présentations aux agents de voyages, on leur explique bien la situation afin qu'eux-mêmes le relaient bien auprès de leurs clients, explique Christelle Bosello, directrice de production Fram. Notre chef de produit travaille sur Cuba depuis 25 ans et notre délégué sur place depuis longtemps aussi. Donc le message passe bien et la satisfaction client est là."
La France, 5e marché émetteur touristique de Cuba était en recul de 11% en 2018 à 144.580 touristes par rapport au record de 209.600 en 2017.