Avec le réchauffement climatique, le marché des enneigeurs a explosé. Pourtant, ces systèmes contribuent en eux-mêmes à accélérer les problématiques environnementales. Certaines stations réfléchissent donc à des solutions moins énergivores pour les saisons de ski prochaines.
Pourra-t-on encore skier d’ici les cinquante prochaines années ? Les alertes successives de chercheurs ne sont pas des plus optimistes. En 2018, une étude du centre national de recherches météorologiques français prédisait une “réduction massive des quantités de neige naturelle attendues sur les massifs montagneux au cours du 21ème siècle" avec l’accélération du réchauffement climatique.
Face à ces perspectives de faible enneigement, les stations de ski misent sur les flocons de culture. Arrivés dans les années 70 dans l’Hexagone, les canons à neige apparaissent comme la solution idéale pour augmenter le nombre de jours de pratique de ski dans un contexte de réchauffement climatique. Or, ce dispositif qui équipe notamment 20% du domaine skiable français est justement décrié pour son impact environnemental. En effet, outre les nuisances sonores pour la faune et les riverains, l’enneigement artificiel est responsable d’un gaspillage d’eau important, d’autant que 40 % de l'eau utilisée ne se retrouve pas sur la piste. Bref, un faux problème ?
Une culture de neige durable
En France, les projets d’installation de canon à neige bénéficient d’un encadrement législatif qui restreint leur propagation selon la puissance de ces usines à neige (les compresseurs d'air relèvent d'une procédure d’autorisation dès que leur puissance dépasse 50 kW). Aussi, certaines stations songent à développer des techniques plus respectueuses de l’environnement. Importé des pays nordiques, le snowfarming est remis au goût du jour par des stations alpines pour anticiper les problèmes d’enneigement. Derrière ce nom anglo-saxon qui laisse penser à une pratique récente, cette solution d’appoint n’est en fait qu’une technique ancestrale qui a pour principe de recycler la neige d’une saison à l’autre. La neige est conservée à proximité des pistes, dans des trous creusés dans la terre et recouverts de sciure pendant la saison estivale (les fermes à neige entrent en service au printemps jusqu'à l'automne). La neige artificielle étant plus dense et plus compacte que la neige naturelle, elle est plus adaptée à ce type de conservation.
Courchevel, La Cluzaz, Bessans, font partie de ces stations convaincues par ces fermes à neige. Bessans a ainsi pu déposer un peu moins de 7.000 m3 de neige sur un carré de prairie afin d'ouvrir une boucle de ski de fond de 1,5 kilomètre durant les dernières vacances de la Toussaint. Plus économique et écologique, le snowfarming permet de réutiliser 80% de la neige conservée d’une année sur l’autre. Sans toutefois annuler l’utilisation des enneigeurs, cette démarche permet d’optimiser leur utilisation puisqu’elle réduit la consommation d’eau.
On a mis de la neige au frigo ❄️❄️
Pour la première fois à Courchevel, on essaye le Snowfarming !
[ #Courchevel ] pic.twitter.com/6WQFoddAw0
— Courchevel Officiel (@courchevel) 25 avril 2018
Des initiatives similaires tendent de plus en plus à voir le jour en montagne. En décembre 2018, une start-up iséroise a dévoilé son enneigeur baptisé Snowfarm X, qui multiplie par quatre ou cinq la production de neige par rapport aux équipements existants à consommation équivalente. Il devrait être commercialisé d'ici la fin de l'année 2019.