Suivez-nous grâce à nos newsletters S'inscrire

Destinations

Matthias Fekl, secrétaire d'État au Tourisme, confirme l'objectif de 100 millions de touristes d'ici 5 ans

Matthias Fekl est à la tête du secrétariat d'État en charge de la Promotion du tourisme depuis septembre 2014 et dépend directement du Quai d'Orsay et de Laurent Fabius.
Il confirme le cap ambitieux fixé par son ministre de tutelle : atteindre 100 millions de visiteurs étrangers en 2020, soit 15 millions de plus en 5 ans. Il veut aussi les faire rester davantage sur notre sol, afin que la France devienne la première destination touristique en termes de recettes.Le Quotidien du Tourisme. Les attentats du début d'année ont-ils eu un impact sur la fréquentation touristique de notre pays ?
Matthias Fekl. Nous n'avons pas actuellement de chiffres précis sur l'impact des attentats sur le tourisme même si, dans les jours qui ont suivi ces dramatiques événements, il y a évidemment eu un impact sur les réservations, notamment sur le haut de gamme. C’est compréhensible. Mais les choses sont assez rapidement revenues à la normale. C'est dans la nature des choses. D'une part, des mesures de sécurité très fortes ont été prises par le gouvernement. D'autre part, la formidable réaction du peuple français et la participation d'une cinquantaine de chefs d'Etat à la marche organisée à Paris ont donné une très belle image de la France. Enfin, je pense que toutes celles et ceux qui voyagent aujourd'hui savent que le risque zéro n'existe pas, où que l'on soit dans le monde.
 
QDT. Lors des Assises de 2014, Laurent Fabius s'est fixé comme objectif d’accueillir 100 millions de touristes étrangers en 2020. En début d'année l'Organisation mondiale du tourisme (OMT) a révélé l’absence de progression de la fréquentation touristique de la France entre 2013 et 2014, autour de 85 millions de touristes étrangers, ces chiffres sont-ils avérés ?
MF. Je ne vois pas comment ces chiffres peuvent être avérés puisque la France n'a pas transmis ses propres chiffres 2014 à l'OMT. Et nous ne le ferons pas avant plusieurs semaines. Nous transmettons nos chiffres lorsqu'ils sont sérieux, agrégés, authentifiés. Je ne commenterai donc pas des chiffres qui n’ont rien d’officiel et je vous confirme tout à fait l’objectif fixé par Laurent Fabius. 
 
QDT. Comment allez-vous y prendre ?
MF. Il y a tout d’abord une mobilisation très forte du gouvernement, portée par Laurent Fabius, autour du tourisme. Elle s’est traduite par les 30 mesures très concrètes issues des Assises du tourisme en juin dernier. Tous les mois, Laurent  Fabius préside des réunions de suivi, qui permettent de vérifier que les décisions prises sont bien appliquées. A ce jour, presque toutes les mesures issues des Assises ont été mises en œuvre. En outre, le Conseil de promotion du tourisme, mis en place dans la foulée des Assises, se réunit tous les mois sur divers thèmes structurants pour le tourisme.
Le tourisme mondial est à un tournant. A l'horizon de 2030, nous assisterons en effet à un quasi doublement du nombre de touristes dans le monde. On devrait passer de 1 milliard actuellement à 1,8 milliard en 2030. L'ambition de la France est de s'inscrire pleinement dans cette nouvelle évolution. Comment ? En faisant la promotion de notre offre et de la destination France à l'international. C'est tout le travail que nous menons avec « Atout France », dans les salons et dans toutes les manifestations. Mais aussi en s'assurant qu'en France, l'offre touristique s'adapte aux nouvelles exigences de la demande. C’est-à-dire, d'une part, que nous continuions à valoriser nos sites existants. Mais aussi que nous nous assurions que les touristes restent plus longtemps en France et que nous devenions progressivement le premier acteur mondial en termes de recettes touristiques.
Enfin, nous voulons que ces touristes ne visitent pas seulement les grands sites prestigieux bien connus du grand public. C'est là toute la démarche des « pôles d’excellence touristique », autour de l’œnotourisme, du slow tourisme et du tourisme autour des savoir-faire traditionnels. Ainsi par exemple, lorsqu’un touriste se rend au Mont Saint Michel, nous souhaitons qu'il prenne le temps de découvrir les environs, car nos régions sont riches de sites magnifiques. C’est ainsi que nous parviendrons à retenir davantage nos visiteurs sur place et à augmenter nos recettes touristiques.
Par ailleurs, je souhaite particulièrement m’investir dans le développement du tourisme rural car l’objectif est aussi de promouvoir un tourisme dont les retombées bénéficient aux habitants locaux, sans remise en cause des modes de vie, tout en étant source de revenus complémentaires. Cela fait partie de mes priorités.
 
QDT. En 2013, François Hollande déclarait : "Le tourisme doit être érigé en grande cause nationale". C'est la première fois qu'on entendait un président s'intéresser autant au tourisme. Il évoquait notamment l’amélioration de l’accueil dans les aéroports et la sécurité des touristes ? Un an et demi après, qu'est ce qui a été entrepris ?
MF. Merci de reconnaître que, pour la première fois, un président de la République et un gouvernement portent aussi haut ce secteur ! Pendant longtemps, c’est un fait, le tourisme a été considéré si ce n'est avec mépris, du moins comme un sujet accessoire. Mais depuis 2012, ce temps est révolu ! Le tourisme, c'est un secteur économique à part entière. Je vous rappelle que ce secteur d’activité représente 2 millions d'emplois, 7% de notre richesse nationale, des métiers passionnants, et le prestige de la France dans le monde entier...
En ce qui concerne l'accueil, beaucoup de projets ont abouti ou sont en cours de mise en œuvre dans les gares et dans les aéroports notamment, grâce au travail important engagé par ADP et la SNCF, pour ne citer qu’eux. Il y a désormais davantage de points d'accueil multilingues, et plus de panneaux et d'affiches promotionnelles qui mettent en avant notre pays. Le premier contact avec les touristes est évidemment déterminant pour l’image de la France et c’est ce premier contact qu’il faut améliorer.
 Il faut également citer le travail qui est en cours sur les taxis. Avec notamment l'idée du forfait taxi. Vous savez que Laurent Fabius a souhaité que des forfaits soient mis en place pour les taxis qui rejoignent la capitale depuis les aéroports, pour gagner en lisibilité. Les gares aussi sont concernées par cette problématique de l’accueil. Il y a des travaux très importants qui sont actuellement en cours dans la gare du nord à Paris. N’oublions pas qu’il s’agit de la première gare d'Europe !
Comme je vous l’ai dit, le Ministre des Affaires étrangères et du développement international suit cela de très près.
Nous avons également engagé un travail important sur les visas. En Chine par exemple les visas pour les touristes sont désormais délivrés en 48h00. C’est également le cas pour l’Inde, l’Afrique du sud et les pays du Golfe – là encore, il s’agit d’une mesure annoncée par le Ministre des affaires étrangères en clôture des Assises du tourisme.
Concernant la sécurité, certaines agressions de touristes ont beaucoup choqué en Asie. Je pense notamment à des filières organisées qui tiraient indument avantage des touristes asiatiques sur les Champs Elysées. Il ne s'agissait que de quelques cas isolés, mais qui ont eu un retentissement énorme. Un plan d'action a été mené avec la préfecture de police dont le bilan a été présenté en novembre dernier afin d'éradiquer ces filières. Orange a aussi mis en place un partenariat avec China Mobile pour que tous les touristes en provenance de ce pays reçoivent à leur arrivée en France un SMS de bienvenue en chinois. Celui-ci leur donne des renseignements pratiques. C'est une initiative qui a vocation à être généralisée.
 
QDT. En matière d'accueil, quels sont les points noirs qui vous préoccupent encore ?
MF. Je pense que nous devons renforcer les conditions d’accueil et la lisibilité pour les touristes. C’est par exemple le cas pour la tarification de la course de taxi entre les aéroports et Paris, entre autres.
D'une façon plus générale en matière d'accueil, je constate une prise de conscience des professionnels du tourisme. Ils ont compris que l'accueil et l'hospitalité étaient fondamentaux et qu'à l'heure d'une concurrence internationale effrénée, si la France veut rester compétitive, elle doit s'adapter pour une montée en gamme de notre offre et de la qualité de notre accueil.
 
QDT. Quel est votre plan pour relancer le tourisme dans les Dom Tom ?
MF. Les départements d'Outre-mer font totalement partie du plan d'action du gouvernement. J'étais à Cuba récemment et nous avons ainsi évoqué avec le gouvernement les programmes communs qui pourraient être développés entre les Antilles et Cuba.
Il y aussi un important travail  du Conseil de promotion du tourisme qui est fait en commun avec la Ministre Georges Pau-Langevin pour prendre en compte les spécificités de l'Outre-mer. Par ailleurs, à Top Resa, j'ai passé beaucoup de temps sur les stands des représentants d’Outre-mer pour échanger avec eux et définir leurs besoins.
 
QDT. Les hôteliers sont inquiets face à la montée de sites communautaires comme RbnB qui proposent de la location ou de l'échange de résidences. Qu'en pensez-vous ?
MF. Il est vrai que le numérique a modifié la façon de voyager et nous devons nous inscrire en profondeur dans cette évolution. C'est l’un des chantiers du Conseil de promotion du tourisme. Cela étant, il y a un certain nombre de pratiques qui posent également des problèmes structurels importants car elles contraignent les hôteliers et accroît leur dépendance. Je suis pour ma part convaincu qu’il est nécessaire de redonner du pouvoir de négociation à l’hôtelier et garantir davantage de transparence au consommateur.  Un certain nombre de clauses contractuelles avaient été ainsi dénoncées par les acteurs de l’hôtellerie et le gouvernement a fait le nécessaire en saisissant l’Autorité de la concurrence. Les procédures sont en cours.
Enfin, ma conviction profonde est que, sur ce sujet, les hôteliers auront un intérêt majeur à « jouer collectif ». Les réseaux qu’ils soient volontaires ou intégrés sont la clef de la compétitivité pour les années à venir : que cela soit pour développer des programmes de fidélisation et réduire la dépendance aux plateformes de réservation, pour obtenir des financements, pour exporter les savoir-faire français sur les marchés internationaux.
 
QDT. Ce serait une façon d'être moins dépendants des OTA ?
MF. A l'heure d'Internet vous ne pouvez plus rester seuls. Regardez les « Logis de France » par exemple. Ils sont en train de révolutionner leur site Internet, ils ont mis au point une application formidable qui permet de simplifier la réservation et créer de la fidélité à leur réseau. Ce sont des solutions pragmatiques, innovantes et dynamiques.
 
QDT. Quelle est votre position sur l'ouverture des magasins le dimanche dans les zones touristiques ?
MF. J'ai toujours considéré que le repos dominical devait rester la règle et le travail du dimanche l'exception. C'est ma conception de la société, de la vie et du respect du temps privé réservé aux loisirs. En revanche, nous savons très bien que dans des endroits précis, les besoins d'adaptation et de dérogation sont réels. Le texte de la loi activité et croissance, tel qu'il a été adopté à l'Assemblée nationale, est à cet égard dans un juste équilibre. Il répond à des besoins en réalité très localisés où le droit existant n'était pas satisfaisant.
 
QDT. Ou est en êtes-vous de l'aménagement du calendrier scolaire ?
MF. Avec Laurent Fabius, nous travaillons beaucoup avec Najat Vallaud-Belkacem, Ministre de l'Education Nationale. Nous suivons ce dossier de très près. Tout en respectant les intérêts de l'enfant, nous voulons faire en sorte, alors que la réforme territoriale est lancée, qu'au moment des vacances de Pâques il y ait encore de la neige à la montagne ! Le zonage sera donc revu et adapté aux nouvelles régions. De nouveaux calendriers seront proposés au prochain Conseil supérieur de l’éducation du 9 avril.
 
QDT. Il existe à Bercy un service qui traite toujours du tourisme, on l'a vu lors de l'histoire de la garantie financière, comment se fait-il que tout ce qui touche au secteur ne soit pas regroupé au sein du même ministère ?
MF. Le tourisme est un phénomène mondial et concurrentiel. Il revient donc à ceux qui défendent la France dans le monde, au sein du Ministère des Affaires étrangères et du développement international, de porter ce dossier. La sous-direction du tourisme de la Direction générale des entreprises est d’ailleurs à la disposition du quai d’Orsay, pour les sujets qui relèvent de son attribution.
En revanche, il est normal aussi qu'au ministère des Finances, il y ait des interlocuteurs qui suivent les professions, les sujets internes. Je travaille d’ailleurs de façon très étroite avec Carole Delga. Nous sommes deux élus de terrain du Sud-Ouest. Nous nous entendons très bien. Par définition, le tourisme est un sujet interministériel et c'est aussi un secteur où les collectivités territoriales ont un rôle à jouer.
 
QDT. Vous avez déjà rencontré le Snav, le Seto ou l'APST, quelles sont vos rapports avec les institutions professionnelles ?  
MF. Je rencontre tous les professionnels. J'écoute beaucoup. Toute la démarche voulue par Laurent Fabius, c'est d'être à l'écoute des professionnels. Toute la démarche des Assises et du Conseil de promotion du tourisme, c'est de bâtir avec eux les politiques. Il ne s'agit pas de décréter ce qui doit être fait, mais plutôt de comprendre les besoins et d’identifier les difficultés afin d'y apporter des réponses. Ma porte leur est toujours ouverte. Chaque fois qu'il y aura une demande d'un professionnel du secteur, nous ferons tout pour y répondre.
 
QDT. La réforme de la directive sur le voyage à forfait n'aboutit toujours pas à Bruxelles. Quelle est votre position ?
MF. La France a beaucoup poussé au niveau européen pour que la directive soit un texte équilibré. Notamment pour le maintien de son système de responsabilité solidaire entre l'organisateur du voyage et l'agence de voyages. Ce qui n'était pas du tout gagné au départ. C'est la France qui a fait bouger les choses là-dessus. Maintenant, une nouvelle étape de discussion est engagée entre les différentes instances européennes. Il y a un calendrier et nous devons le respecter. Je sais qu'il y a des impatiences très fortes et compréhensibles des professionnels du secteur. Nos diplomates à Bruxelles sont entièrement mobilisés. La France suit ce texte de très près.
Top Resa

Auteur

  • Nicolas Barbéry
Div qui contient le message d'alerte

Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Déjà abonné ? Créez vos identifiants

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ? Remplissez les informations et un courriel vous sera envoyé.

Div qui contient le message d'alerte

Envoyer l'article par mail

Mauvais format Mauvais format

captcha
Recopiez ci-dessous le texte apparaissant dans l'image
Mauvais format

Div qui contient le message d'alerte

Contacter la rédaction

Mauvais format Texte obligatoire

Nombre de caractères restant à saisir :

captcha
Recopiez ci-dessous le texte apparaissant dans l'image
Mauvais format