Jean-Yves Le Drian, ministre des Affaires étrangères, a fustigé, samedi matin, sur Europe 1, le choix des deux otages libérés de se rendre au Bénin, tout proche du Burkina Faso, Togo et Niger. Il en a profité pour rappeler aux agences de voyages que les conseils aux voyageurs n’étaient pas des vœux pieux.
Jean-Yves Le Drian a regretté que les deux touristes français, dont la libération a entraîné la mort de deux militaires français, aient pu se rendre dans une « zone qui était considérée depuis pas mal de temps comme une zone rouge, c’est à dire une zone où il ne faut pas aller, où on prend des risques majeurs en allant ».
Ce qui n’est pas tout à fait juste. Au moment de leur départ, une bonne partie du parc de la Pendjari, n’était pas classé en zone rouge mais en zone jaune, soit en « vigilance renforcée ». Ils auraient toutefois été enlevés dans une zone orange, « déconseillé, sauf impératif professionnel » et leur voiture aurait été retrouvée dans une zone rouge. Les deux Français étaient accompagnés d’un guide, « lâchement assassiné » selon les mots d’un otage.
Quoiqu’il en soit, comme pour couper court à toute polémique, Jean-Yves Le Drian a tenu de nouveau à rappeler au retour des otages que « les conseils aux voyageurs ne sont pas des vœux pieux » et qu’ils doivent être respectés « intégralement » par les « touristes » et aussi « les agences de voyages » qui doivent les prendre en considération « intrinsèquement ». Rappelons que les agences sont toujours « responsables de plein droit ».
Si Emmanuel Macron, président de la République, a accueilli en personne les deux otages à leur retour en France, ils ont fait profil bas et reconnu qu’ils n’auraient pas dû se rendre dans une zone dangereuse.
Il existe aujourd’hui une probabilité certaine que le Quai d’Orsay durcisse ses recommandations dans la région. Par le passé, il a déjà démontré qu’il était prêt à « sacrifier » l’industrie du tourisme au profit du principe de précaution. En 2014, après l’assassinat d’Hervé Gourdel par un groupe djihadiste en Algérie, le Quai d’Orsay avait étendu son appel à la vigilance à une quarantaine de destinations, ce qui avait entraîné une vive réaction des syndicats professionnels, EDV et Seto.