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I-Tourisme

Cahier tendances du Welcome City Lab : Tendance 13, L’expérience sonore en milieu urbain

Un outil moins énergivore, moins carboné, demandant moins de ressources rares, moins coûteux, plus démocratique et plus ouvert : le sonore.

Crédit photo ©Adobe Stock

I-Tourisme et Le Quotidien du Tourisme vous proposent de découvrir en feuilleton la dernière édition du Cahier tendances du Welcome City Lab. Treizième tendance : L’expérience sonore en milieu urbain. 

La course à l’échalote technologique doit être repensée pour des environnements urbains plus intelligemment durables. Une tendance « Low tech » porteuse de perspectives notamment sur un des sujets souvent mis au second plan : le bruit, la communication et la pollution sonore. 

Le premier semestre 2020 chamboulé et la quiétude retrouvée des métropoles confinées appellent des ambitions nouvelles pour nos villes et nos vies au travers d’enjeux tels que résilience, ralentissement, relocalisation ou décroissance.

La technologie est un partenaire devenu indissociable de nos vies dans toutes leurs facettes. Mais sans aller jusqu’à parler de “No tech”, il faut cependant tenter de revenir à une démarche plus raisonnée autour d’usages différents de techniques déjà implantées. 

Dans notre course effrénée, dans nos villes comme dans nos univers digitaux, l’image est un des moteurs principaux. Elle implique pourtant une grande charge cognitive et d’importants moyens financiers, rendant les expérimentations comme leurs déploiements, complexes et onéreux. Pourtant, dans des villes comme Rio de Janeiro par exemple, vous ne trouverez quasiment pas d’affichages publicitaires dans les espaces publics. 

Et si cette prépondérance du visuel avait occulté l’intérêt et la puissance d’un autre outil, s’adressant à un autre de nos sens. Un outil moins énergivore, moins carboné, demandant moins de ressources rares, moins coûteux, plus démocratique et plus ouvert : le sonore.

Une prise en compte encore limitée

En effet, si on confie à l’image de nombreuses tâches, le son joue lui aussi nombre de ces rôles :

Accessibilité : signalisation sonore sur les feux piétons pour les piétons aveugles et malvoyants
Informations : alertes multilingues dans le métro
Actualités : crieurs publics dans les quartiers populaires du Caire
Orientation : foules guidées lors d’événements importants
Identité : Simone Hérault, la « voix de la SNCF »
Intelligence artificielle : montée en puissance des enceintes connectées et assistants vocaux
Tourisme : visites augmentées de sites patrimoniaux en son binaural (spatialisé)

Repenser l’expérience en milieu urbain par le prisme du son pourrait potentiellement répondre à de nombreux défis actuels et futurs de nos villes, et notamment un enjeu majeur : la pollution sonore, deuxième facteur polluant après l’atmosphère, impactant près du tiers des citadins en Europe. 

Penser les nouveaux lieux en y intégrant les questions sonores dès l’origine des projets urbains d’habitation ou d’espaces publics, devient une nécessité au service d’un bien-être plébiscité par les citadins et les usagers. Pour la refonte des places de la Nation et de la Bastille par exemple, des consultations et des maquettes sonores ont été réalisées avant le lancement des travaux. L’écologie acoustique théorisée dans les années 70 par R. Murray Schafer, les premières recherches à grande échelle des années 80 avec la mise en avant d’une « culture sonore du quotidien » : 
- Notamment avec les travaux du LAMU (Laboratoire d’Acoustique et Musique Urbaines) 
- Du CRESSON (Centre de Recherche sur l’Espace Sonore et l’environnement urbain)
- Ou le regain dans les années 2000 autour des espaces sonores
N’ont pas eu la mise en avant et les répercussions en projets concrets en particulier d’architecture et d’urbanisme qu’ils auraient probablement méritées. 

Certes, les murs anti-bruit autour du périphérique ou les édifices intégrant de la végétalisation verticale pour réduisent l’impact des nuisances sonores urbaines (projet européen HOSANNA), mais la prise en compte est encore généralement limitée au bruit, alors que les potentialités sont bien plus larges. 

Pourtant, que ce soit dans la production musicale ou la sonorisation de lieux, au travers de recherches acoustiques ou urbanistiques, par les expériences de spatialisation, chez les fleurons de la technique sonore, ou encore dans l’architecture intelligente et connectée pour des quartiers durables, tout un écosystème pense de nouveaux usages.

De nouvelles perspectives

Conception d’espaces publics, communications ou interactions de la ville avec ses habitants et visiteurs, le champ des possibles est vaste : 

- Penser l’élaboration d’un quartier en fonction de sa vie quotidienne (habitations, commerces, quartier d’affaires, patrimoine, culture) et des pollutions sonores environnantes (transport, trafic, événements…)
- Développer l’accessibilité pour les personnes en situation de handicap notamment les malvoyants
- Permettre l’identification des différentes mobilités et de leurs interactions avec les usagers
- Imaginer des interfaces entre la ville intelligente, son mobilier, ses habitants et visiteurs
- Développer l’identité sonore d’un quartier, d’une ville ou d’une agglomération
- Proposer une réalité sonore augmentée : une ville qui s’adresse à ses touristes avec des informations ou des visites traduites dans la langue du visiteur

D’ores et déjà, avec l’arrivée des futurs véhicules électriques autonomes, de nouveaux challenges se profilent pour les conceptions sonores. 

A New York par exemple, un réseau de capteurs sonores a été mis en place et permet l’analyse - par la captation en temps réel et la modélisation - des perturbations (travaux), du trafic, des incidents sur la voie, ou des manifestations. Un aménagement d’un réseau déjà installé, préservant l’anonymat à l’inverse d’un réseau de caméras. 

Si l’enjeu de la pollution sonore d’une ville est pris en considération pour le bien-être de ses habitants, l’expérience vécue a aussi son importance quant à la perception d’une ville et de ses lieux par ses visiteurs. Les guides gastronomiques, ou bien le site LaFourchette par exemple, incluent dans leurs notations de lieux un critère de niveau de bruit. L’Afnor de son côté étudie la mise en place d’une norme volontaire, car le niveau sonore dans un restaurant est de 85 décibels en moyenne. Une qualité améliorée de cette expérience par une plus grande maîtrise de la pollution couplée au développement de propositions sonores urbaines innovantes, permettrait certainement de favoriser la fréquentation touristique. 

Une utilisation différente des technologies existantes et déjà implantées, dont une partie du potentiel n’a pas encore été exploitée, serait une sorte de « tech raisonnée » axe potentiel de développement pour une ville durable qui serait libérée de sa dépendance au tout-technologique intrusif. Et si un jour Paris pouvait accueillir ses visiteurs sous le chant retrouvé de ses moineaux ?

Auteur

  • Thomas Sandoval, Designer d’expérience et d’innovation 
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