Dans ce bush interminable, la faune est en terrain conquis.
Wallabies, termites, ibis, cacatoès et les inévitables crocodiles sont le fil conducteur de cette nouvelle journée à travers les paysages extrêmes, de retour vers Darwin.Comment réagir si un sanglier ou quelque chose approchant vient se frotter la nuit contre votre tente ? La question a taraudé le groupe (surtout les filles) une partie de la journée, depuis que l’auteur de ces lignes, Marion Ride et Emmanuelle Michel ont senti le souffle du porcin dans leur cou, hier soir au Hawk Dreaming Wilderness Lodge. Entre peur et rire jaune, les avis divergeront longtemps sur la conduite à tenir en cas de tête à tête imprévu...Voilà le charme du bush, une rencontre coup de poing avec un univers a priori hostile mais rendu accessible grâce à des aménagements touristiques adaptés. Nous en avons la preuve à l’heure du déjeuner. Alors que l’essentiel de la journée est consacrée au retour à Darwin, nous effectuons un crochet par la piste pour visiter le Wildman Wilderness Lodge. "Au milieu de nulle part", ce lodge ouvert depuis quatre ans en version haut de gamme comprend des tentes 4 ou 5 places et des bungalows climatisés grand confort. Les hébergements font face à… une piste d’atterrissage, puisque c’est bien connu, certains clients voyagent en avion. Hormis le silence sidéral propice à des nuits d’abandon, la principale distraction consiste à observer les wallabies. "Ils viennent chaque matin et soir sur la piste", nous prévient Scot McMillan, le touring manager du lodge. Quelques intrépides jouent même les éclaireurs et l’un d’eux vient sautiller juste à côté de la piscine. Leur museau encadré de deux oreilles pointues fait craquer les demoiselles qui aimeraient bien un câlin...
Après un déjeuner frugal qui aurait même fâché un groupe d’anorexiques, nous reprenons notre chemin. Sous la conduite prudente et les commentaires avisés de notre accompagnatrice Esther, une Suissesse arrivée à Darwin il y a plus de trente ans, nous filons sur des routes rectilignes à faire pâlir les départementales des Landes. De temps à autres, de drôles de reptiles nous croisent. Ce sont les fameux road train (littéralement : les "trains de la route"), tractant jusqu’à quatre remorques chargées de minerai.
C’est mercredi, "jour autorisé" pour photographier les termitières (un quiproquo entre Esther et le journaliste….). Nous nous arrêtons devant l’une des ces constructions cathédrales (jusqu’à 7 mètres de hauteur - voir photo) qui ponctuent le paysage comme les menhirs à Carnac. Félicitations à ces millions de petites bêtes attachées à construire la demeure commune dont la durée de vie atteint parfois 80 ans. Plus solides que les maisons Phénix !
Revoilà donc Darwin. La capitale du Northern Territory, 100 000 habitants, concentre plus de la moitié de la population de la région, grande comme la France, l’Italie et l’Espagne réunies. Une ville aérée, tropicale, un peu clinique mais avec une baie deux fois plus grande qu’à Sydney. Des ibis picorent sur des pelouses et les crocodiles interdisent l’accès à la mer (mais on peut se baigner dans des zones sécurisées). Preuve supplémentaire que dans cette région sauvage, la faune a même droit de cité.
Des nouvelles de l’équipe. Elle va bien, malgré un p’tit cou de mou chez certain(e)s. Le minibus pendant 300 km, c’est tentant pour la sieste, n’est-ce pas Emmanuelle ? Laurent Chevassut s’est acheté un chapeau de bushmen (idéal pour pêcher sur le lac du Bourget) ; Tiphaine Raulet a enfourché un crocodile (en tout bien tout honneur, en plus, c’était un faux, nous tenons à elle !) ; Marie-Claire Lacroix a pris des couleurs (ce n’est pas à Clermont-Ferrand qu’il fait une grosse chaleur pareille !). Benjamin Voidy zlatane comme d’habitude avec sa mascotte favorite. Nous dormons au Travelodge Mirambeena Resort, 224 chambres, parfait pour une nuit dans cette ville de passage. Demain, lever à 4h45 et vol vers Alice Springs. Il est temps d’éteindre l’ordinateur !