Le 22 novembre, à deux jours du préavis de débrayage, direction et syndicats de Fram se sont réunis à Toulouse. Supprimer la rémunération issue des anciens accords de RTT pénaliserait 60% des salariés.
La négociation est difficile. Depuis un mois, délégués syndicaux et direction de Fram se réunissent dans le cadre de la NAO (négociation annuelle obligatoire). Un cadre légal pour une entreprise où sont abordés les salaires, la durée et l'organisation du travail, l'égalité hommes/ femmes… Avec le préavis de débrayage du jeudi 24 novembre (de 14h à 16h30), l'intersyndicale CGT-FO-CFDT adresse un double message en interne.
"L'idée n'est pas de couler Fram, explique Thouraya Ferchichi, déléguée syndicale CFDT. C'est vrai que deux heures et demie de grève c'est à la fois peu et beaucoup. Mais quand on veut que les salariés continuent à tout donner pour la reconquête de Fram, on ne peut pas entamer autant leur pouvoir d'achat. Enlever de l'argent est traumatisant."
Des compromis déjà acceptés
"On est tous d'accord pour faire des efforts et ça a déjà commencé" rappelle la salariée. Depuis la reprise de Fram par LBO/ Karavel, le budget des oeuvres sociales du CE ("arbre de Noël", chèques-cadeaux, places cinéma...) est à zéro euro. Qu'il n'y ait plus de prime d'intéressement, c'est "normal, on attend le retour des beaux jours pour en rediscuter".
Sur les tickets-restaurants, le déménagement du siège de Toulouse dans des locaux avec réfectoire a permis d'en accepter la fin, même si pour les collaborateurs des agences Fram c'est "déjà moins de pouvoir d'achat".
Réduction du temps de travail
C'est la suppression des fameuses "pauses rémunérées" qui coince. De quoi s'agit-il? "A l'époque de l'accord sur la réduction du temps de travail, il a été décidé de passer de plus de 39h (selon les contrats) à 37,5 heures tout en maintenant les salaires, d'où ces temps dits de pause rémunérés qui permettaient d'absorber les heures supplémentaires. Dans la réalité, très peu de salariés prennent ce temps. Dans les faits, on travaille nos journées normalement" explique la déléguée syndicale.
L'estimation du manque à gagner diverge : une baisse de revenus de -7% selon la direction, "plutôt -12% selon nos calculs" déclare-t-elle. Sur les plus bas salaires, 60% de l'effectif est en catégorie A et B, soit le Smic (1466,62 € bruts par mois) et jusqu'à + 500€, "cela représente 120 à 130 € de moins par mois".
Et ce n'est pas tout, car le contrat de la mutuelle est aussi en discussion. "Pour la future mutuelle, il faudra débourser a minima 27 € de plus qu'aujourd'hui, voire presque 60€ de plus par mois pour une famille" détaille Thouraya Ferchichi.
De nouvelles bases de négociation
Oui mais si la survie de l'entreprise est en jeu? "On est prêts à donner des heures supplémentaires et même des jours de RTT, mais on ne veut pas perdre de l'argent", indique-t-elle. "Nous sommes d'accord pour faire des efforts et travailler plus mais pas être payés moins."
Lors de la réunion du 22 novembre, la direction aurait fait de nouvelles propositions, notamment sur les bas salaires. "Nous allons les étudier, en attendant le préavis est maintenu" indique la déléguée syndicale. L'audit des comptes par un expert mandaté par le CE devrait aussi apporter un éclairage.
La direction de Fram que nous avons contactée n'a pas répondu à notre sollicitation.