La grève des pilotes fracture les syndicats d'Air France.
Enfin elle les fracturent encore un peu plus, tant selon les corporations - techniques, commerciaux, sol, services généraux - les intérêts des uns et des autres ont toujours été plus ou moins divergeants, pour ne pas dire parfois antagonistes. Ainsi, qualifiée de "corporatiste" par la CFE-CGC et la CFDT, la grève n'est "pas condamnée" par la CGT, premier syndicat de la compagnie, qui partage les craintes de dumping social exprimées par les pilotes. Néanmoins la centrale prévient : "on sera très attentifs aux éventuelles avancées qui seraient obtenues par les pilotes car nous ne voulons pas qu'une catégorie de personnels soit privilégiée aux dépens d'une autre". De fait, le premier syndicat d'Air France considère que pilotes, hôtesses et agents de piste sont dans la même barque. A contrario, plusieurs syndicats se sont désolidarisés du mouvement lancé par les pilotes. Pour la CFE-CGC, deuxième syndicat toutes catégories confondues, la grève des pilotes est "relativement indécente" et suscite parmi les cadres "un sentiment de lassitude, un ras-le-bol des comportements purement corporatistes", rapporte son secrétaire général Ronald Noirot. Même si aujourd'hui, l'intersyndicale des navigants d'Air France (SNPNC-FO, Unsa-PNC) a apporté son soutien "sans réserve" aux pilotes, en particulier vis à vis du projet Transavia Europe, menaçant même d'entrer dans la grève. A l'avenir, un front syndical allant au-delà des corporations a peu de chance de devenir une réalité chez Air France. Si le plan Transform 2015, en passe de s'achever avec succès a demandé des efforts de productivité a peu près équivalents (environ 20%) à chaque catégories de personnel, son successeur, le plan Perform 2020, va lui s'attacher à observer et améliorer les choses activité par activité et secteur par secteur. Après les pilotes, la contestation pourrait donc bien venir d'ailleurs. Sans doute beaucoup plus prés du sol. Transport