Article 4 : large soutien au boycott des marques Américaines
Étude Ifop pour NYC.fr réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 14 au 17 mars 2025 auprès d’un échantillon national représentatif de 1000 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.
Les appels au boycott des produits américains pour protester contre la politique de Donald Trump sont soutenus par une nette majorité de Français.
Les appels au boycott des produits américains qui ont surgi après les menaces de hausse des droits de douane et la joute verbale entre les présidents américain et ukrainien dans le bureau ovale, sont largement soutenus dans l’hexagone : 62% des Français soutiennent ces appels au boycott des entreprises américaines.
Si la gauche apparaît comme le fer de lance de ce mouvement (72% de soutien), le boycott des produits américains séduit aussi une large majorité d'électeurs du centre-droit (65%). Seuls les électeurs lepénistes apparaissent réellement en retrait avec 49% de soutiens seulement parmi les électeurs RN aux dernières élections législatives.
L’analyse du profil des Français soutenant ce mouvement montre que les seniors affichent un soutien massif à ce boycott (81% des plus de 65 ans, contre 58% dans la GenZ) tout comme d’ailleurs d’autres catégories disposant généralement d'un pouvoir d'achat élevé (ex : cadres, diplômés du supérieur, revenus supérieurs à 2400 € par individu). Or, cette adhésion des catégories les mieux dotés financièrement constitue une menace sérieuse pour les entreprises américaines.
Aujourd’hui, un Français sur trois boycotte au moins un produit américain
Les entreprises les plus touchées étant les marques de sodas, de fast-food et celles d’Elon Musk.
Près d’un Français sur trois (32%) déclarent boycotter actuellement des produits d’une marque ou d’une entreprise, soit une proportion similaire à celle mesurée récemment en Suède : un sondage Vérian/SVT indiquant que 29 % des Suédois avaient choisi de ne pas acheter de produits américains le mois dernier par protestation politique. Si l’arme du boycott a longtemps eu un faible ancrage dans le répertoire d’action politique français – notamment par rapport à des aires culturelles à dominante protestante comme l’Amérique du Nord ou la Scandinavie –, elle semble s’être donc quelque peu institutionnalisée en France comme une forme légitime d'expression citoyenne.
L’analyse des réponses à une question ouverte – où les répondants étaient invités à citer spontanément les marques qu’ils boycottaient – tend à montrer que les secteurs les plus affectés par le boycott sont ceux où les produits sont les plus facilement substituables par des alternatives non américaines. Ainsi, la marque la plus boycottée aujourd'hui est une marque de soda, Coca-cola (48%) devant des marques de fast-food ou de restauration rapide MacDonald (44%), Starbucks (15%) KFC (12%). Les deux seules marques non-alimentaires à être boycottées de manière significative sont Tesla (19%) et X (10%), deux entreprises du groupe d’Elon Musk dont l’image a été très sérieusement écornée par ses prises de parole polémiques et son engagement politique auprès de Donald Trump.
L’analyse des résultats invitent à voir dans le boycott des marques US une forme de consommation engagée qui trouve son ressort dans l’adhésion à des valeurs progressistes. La proportion de boycotteurs est ainsi particulièrement forte chez les Français se disant très progressistes sur les questions de société (55%, contre 19% chez ceux se disant « très conservateurs »), tout comme elle est beaucoup plus grande chez les personnes très féministes (51%) que chez les non-féministes (27%). De manière générale, la pratique du boycott des marques américaines apparaît plutôt comme un marqueur de gauche, et tout particulièrement comme un indicateur de progressisme sociétal
Ce classement nous révèle en tous cas que les boycotteurs ciblent prioritairement les marques emblématiques de la consommation de masse américaine (soda, fast-food) mais aussi celles directement associées à des personnalités proches de Donald Trump, comme Elon Musk pour Tesla.
Ce boycott des produits américains est tiré par l’anti-trumpisme mais relève aussi d’autres motivations comme le patriotisme économique à droite ou la défense du progressisme sociétal à gauche.
L'analyse des motivations de boycott anti-américain montre qu’il s’agit d’un mouvement hybride, alliant opposition politique à Trump, défense du progressisme sociétal et affirmation d'une préférence économique nationale ou européenne. Si la protestation contre le soutien des entreprises à Trump (62%) et contre sa politique intérieure (61%) ou étrangère (61%) constituent les premiers motifs invoqués, d'autres dimensions apparaissent avec une force comparable. Le soutien aux entreprises et à l'emploi français arrive en tête des motivations (62%), particulièrement chez les électeurs de droite (84% chez LR-DVD), tout comme la défense des intérêts économiques européens (56%). La protestation contre les politiques DEI des entreprises américaines (44%) constitue un motif secondaire mais significatif chez les électeurs de gauche (52% chez NFP). Cette dimension multifactorielle joue sans doute dans sa capacité à mobiliser des électorats très opposés.
Tous les secteurs sont exposés par le boycott mais les plus menacés sont ceux les plus facilement substituables par des alternatives non américaines
Tous les secteurs américains sont potentiellement touchés par ce boycott, mais avec des intensités qui dépendent principalement de deux facteurs : la visibilité américaine de la marque et l'existence d'alternatives crédibles. Les secteurs les plus menacés (61% pour l'automobile, 55% pour les sodas, 53% pour les chaussures de sport, 52% pour les vêtements) partagent ces deux caractéristiques : une identification claire aux USA et l’existence d'alternatives européennes ou asiatiques. À l'inverse, les secteurs où les alternatives sont plus limitées, comme les logiciels professionnels (44%) ou les réseaux sociaux (41%), présentent des taux d'intention de boycott plus modérés.
Cette logique explique pourquoi les marques automobiles américaines figurent en bonne place dans notre TOP 20 des marques les plus menacées : Tesla (47%), Jeep (41%) et Ford (37%) sont facilement substituables par des alternatives européennes ou asiatiques. De même, les marques de vêtements (Calvin Klein, Tommy Hilfiger, Ralph Lauren, Gap) et chaussures (Timberland) font face à un risque élevé en raison d'un marché hautement concurrentiel.
En revanche, les Français sont beaucoup moins motivés à l'idée d'abandonner leurs habitudes avec les géants américains des nouvelles technologies – type smartphone, streaming ou réseaux sociaux – auxquels ils sont souvent très dépendants.
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