Le tourisme culturel de l'Allier prend une dimension nationale

Le département, terre historique des Bourbons, va pouvoir en profiter pour se donner une meilleure visibilité auprès des professionnels, à qui il peut déjà proposer des produits thématiques commissionnés.
La Nationale 7, c'était la route des vacances à une époque où la Dauphine et la 2CV jouaient les reines du bitume. Le but, c'était évidemment la Côte d'Azur. A croire qu'il n'existait rien entre Paris et la Méditerranée. Aujourd'hui, c'est pire. L'autoroute ou le TGV transforment le territoire français en brume liquide, à traverser au plus vite. Difficile dans ces conditions de convaincre le nonchalant, le furtif, le curieux, le dynamique touriste de s'arrêter à mi-parcours. Et à mi-parcours, sur cette N7, il y a le département de l'Allier, préfecture : Moulins et, à proximité, Bourbon-l'Archambault, terre des Bourbons, de la dynastie du même nom. Une terre chargée d'histoire, comme on dit. Sauf que tout le monde ne le sait pas forcément. Aussi, le Comité départemental du tourisme de l'Allier (CDT) et les offices du tourisme se battent-ils âprement pour en faire connaître l'offre touristique. Plutôt avec succès d'ailleurs. L'an dernier, le département a enregistré 1,7 million de nuitées, dont près de 40% à Vichy. Le CDT a vu son budget passer de 200.000 francs en 1992 à 300.000 euros aujourd'hui. Il multiplie les produits thématiques, dont certains sont revendus par le réseau Selectour comme les randonnées par étape de 3 ou 4 jours, les activités de pleine nature liées à la remise en forme, les produits vinicoles, cyclistes, etc. "Il faut donner à un client l'envie de s'adresser à une agence de voyages plutôt que d'aller sur Internet, en donnant un stock hôtelier réactualisé
par exemple", précise Luc-Olivier Pierre, le responsable communication du CDT de l'Allier. Pour autant, le département investit le Net avec des référencements sur Lastminute ou Promovacances, et lance "avec du retard par rapport à nos concurrents" un nouveau site. En fait, la priorité, c'est "se donner plus de visibilité".
L'Allier ne part pas sans atout. Une fois passées les collines ourlées de la Nièvre et après l'interruption brutale de l'autoroute A 77, apparaissent les paysages discrets du bocage bourbonnais, entre la forêt de Tronçais (qui a fourni les plus beaux mâts à la Marine nationale) et la Sologne bourbonnaise. Le triangle dessiné par Bourbon-l'Archambault, Souvigny et Ygrande (voir encadré) vaut à lui seul le détour. Le château de la première ville, par ailleurs centre thermal réputé, se visite avec des guides en costume d'époque parlant un langage qui n'est pas sans rappeler Les Visiteurs. A Souvigny, c'est le passé clunisien qui ressurgit dans l'église prieurale Saint-Pierre et Saint-Paul. Outre son patrimoine historique, le CDT compte aussi sur l'un des événements majeurs de la Nièvre voisine, le Grand Prix de Formule 1 de Magny-Cours, qui mobilise toute l'industrie hôtelière du nord du département. Enfin, Moulins est désormais doté de nouveaux musées. Le Centre national de l'illustration est ainsi ouvert depuis octobre 2005 et présente dans un bâtiment du XVIIIe siècle entièrement rénové des planches des plus grands illustrateurs de livres pour enfants comme James Prunier, auteur d'un superbe Moby Dick. Le Centre national du costume de scène (CNCS) est un projet majeur du début des années 90 et qui, depuis le 2 juillet, est une réalité : 4.500 m2 d'exposition dans un bâtiment classé monument historique, plus de 7.000 costumes provenant de l'Opéra de Paris, la Bibliothèque
nationale et la Comédie-Française, des expositions temporaires (jusqu'au 30 septembre, "Bêtes de scène" avec 120 costumes animaliers), une médiathèque, des ateliers, stages, rencontres, colloques, auditorium, etc. pour un budget total de 24 ME dont 90% sont assurés par l'Etat. Une excellente raison de plus de s'arrêter sur la Nationale 7, à mi-parcours.
Le château d'Ygrande reçoit ses hôtes en pleine nature
S'il existe une splendide demeure du XIXe siècle bâtie au sommet d'une colline et qui offre une vue unique sur le bocage bourbonnais, c'est bien le château d'Ygrande. Christine et Jean-Marie Tissier, qui l'ont racheté 1998, ont su le rénover et l'aménager pour en faire un lieu de charme et une grande maison d'hôte. Au total 16 chambres, toutes différentes les unes des autres et décorées avec soin grâce à des objets anciens. Les heureux propriétaires le soulignent : "Nous aimons que les clients se sentent à l'aise, comme s'ils étaient chez eux." Le romantisme en plus sans doute. D'ailleurs, ce sont deux braques de Weimar, Pandora et Volga, qui accueillent les visiteurs et les guident quasiment jusqu'à leur chambre. Un des atouts du château réside dans sa cuisine, savoureuse et de haute qualité, avec une carte élaborée en fonction de la saison et des produits du marché. Entouré de 40 hectares de jardins, de parc et de prairies, le château d'Ygrande, avec son haras, est une récompense pour ceux qui veulent profiter des activités équestres. Il est programmé par sept TO et agences en ligne (Weekendesk, Lastminute…). A noter que différents stages (cuisine, équitation, randonnées cyclo…), circuits découverte (patrimoine, jardins du Bourbonnais) et forfaits (remise en forme…) sont disponibles entre le 1er mars et le 31 décembre.