Face à un marché du voyage en pleine mutation, Selectour poursuit sa stratégie d’innovation pour aider ses agences à gagner en efficacité
Le réseau investit dans des outils conçus pour simplifier le quotidien des conseillers et leur permettre de se concentrer sur la valeur ajoutée humaine.
Dans le voyage d’affaires, une logique d’industrialisation s’impose pour rester compétitif et rentable face à des acteurs proposant des offres de plus en plus agressives. L’arrivée du NDC ajoute une complexité supplémentaire. Côté loisirs, la gestion des nombreuses demandes de devis reste un défi majeur : les conseillers privilégient souvent les projets haut de gamme, plus rentables, au détriment des petits budgets.
Nous avons interviewé Hubert Prades, Directeur des Systèmes d’Information chez Selectour, sur l'évolution des outils au sein du réseau à l'hippocampe afin de connaître les solutions proposées par le groupe.
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Accélérer la création des devis
Le Quotidien du Tourisme : La génération de devis reste chronophage pour les agences, mais indispensable pour générer du business. Comment améliorer leur productivité ?
Hubert Prades : Notre ambition consiste à donner la possibilité de pouvoir traiter toutes les demandes, quel que soit le budget. Pour cela, il est essentiel d’automatiser le traitement des demandes les plus simples, afin que les conseillers voyages puissent se concentrer sur les devis plus complexes, à forte valeur ajoutée.
Le Quotidien du Tourisme : Comment faire justement ?
Hubert Prades : Nous explorons aussi bien les solutions disponibles sur le marché que celles développables en interne. Après avoir recueilli les retours de conseillers du réseau, nous travaillons actuellement avec Orchestra pour proposer deux formats de devis. D’abord celui qui est déjà disponible : le devis « express », demandant moins d’informations clients. Ensuite le devis personnalisable, plus riche en contenu, convenant aux projets plus haut de gamme. Les clients sont particulièrement sensibles à la qualité du devis, surtout lorsque le budget est conséquent. Il est en cours de développement en interne. Les deux seront déployés simultanément, soit à la fin de l’année, soit au début de l’année 2026.
Un assistant voyages digital
Le Quotidien du Tourisme : L’émergence de l’IA représente une opportunité majeure pour franchir un cap technologique et gagner en productivité. Quelle sont vos projets ?
Hubert Prades : Quoi de mieux pour gagner en productivité qu’un assistant voyages digital. En 2024, nous avons été accompagnés par BPI France afin de définir les cas d’usage pertinents pour l’IA. Plutôt que de partir dans toutes les directions, la première question à se poser est : « Pour quoi faire ? ». L’une des réponses a été de créer un « double » du conseiller voyages, avec pour objectif de l’assister et non de le remplacer. Nous avons donc opté pour une solution connectée à nos propres contenus, ce qui permet d’apporter des réponses plus pertinentes que celles des outils grand public.
Le Quotidien du Tourisme : Mais contrairement aux programmes informatiques classiques, les réponses générées par l’IA ne sont pas entièrement maîtrisables, ce qui nécessite plusieurs itérations avant d’atteindre un niveau de qualité satisfaisant. Comment résoudre ce problème ?
Hubert Prades : C’est en effet toute la question. Nous y travaillons actuellement. Nous avons élaboré une première version en phase de test. Elle sera déployée sur nos canaux de réservation d’ici la fin de l’année. D’autres cas d’usage et solutions sont en cours d’évaluation, mais il est encore trop tôt pour en parler, d’autant plus que tout évolue très rapidement.
Projets avec les partenaires métier
Le Quotidien du Tourisme : Dans le voyage d’affaires, tous les outils, GDS, SBT, concentrent leurs efforts sur l’intégration des contenus NDC. Comment l’IA peut s’intégrer dans ces configurations ?
Hubert Prades : Dans ce domaine, les projets liés à l’IA ne sont pas encore aboutis, mais ils commencent à émerger. Nous collaborons étroitement avec Amadeus sur des projets pilotes que nous testerons dans les semaines à venir. L’IA ne peut fonctionner efficacement qu’avec des données que les GDS comme les SBT stockent une grande partie. L’un de nos objectifs consiste à faciliter l’usage des fonctionnalités complexes du GDS, souvent très chronophages.
Optimiser le traitement des emails
Le Quotidien du Tourisme : Vous parlez de tâches chronophages. C’est le cas du traitement des e-mails. Vous pensez pouvoir apporter des solutions ?
Hubert Prades : Parmi les cas d’usage identifiés, le traitement des e-mails nous apparaît en effet comme prioritaire. Un bon usage de l’IA dans la messagerie peut générer des gains de productivité significatifs pour les conseillers. Sur ce point, Selectour entretient depuis plus de 10 ans un partenariat solide avec Google via le référencement de la solution Google Workspace. La version déployée dans le réseau intègre depuis le début de l’année, en natif, l’IA Gemini en version pro. C’est dans ce cadre que nous travaillons actuellement avec un partenaire sur la conception d’une formation à distance dédiée à l’usage de Gemini. Cette formation sera, bien entendu, adaptée au contexte des agences.
Le Quotidien du Tourisme : A l’inverse, l’IA peut-elle remettre en cause le métier d’agence ?
Hubert Prades : L’émergence de nouvelles technologies comme l’intelligence artificielle présente justement une période favorable pour innover. Selectour investit dans les technologies à un niveau qu’une agence seule ne peut atteindre. A ce sujet, on constate que la donnée constitue le socle de toutes ces innovations. L’enjeu pour le réseau se situe là. C’est pourquoi nous travaillons depuis longtemps à en maîtriser les usages, dans l’intérêt de nos agences.