Face à une fiscalité devenue insoutenable, la FNAM lors de son congrès 2025 appelle à un moratoire immédiat pour garantir une plus grande stabilité et préserver la compétitivité du secteur
L’urgence étant la nécessité d’agir pour maintenir la filière du carburant SAF. La FNAM appelle à un soutien pérenne et renforcé pour atteindre les objectifs.
La Fédération Nationale de l’Aviation et de ses Métiers a réuni près de 200 professionnels du secteur, décideurs publics, élus et experts pour son congrès annuel, organisé à la DGAC. Un moment fort pour revendiquer une vision assumée de l’aviation : un secteur utile, populaire, structurant, qui ne fuit pas la transition écologique mais appelle à une stratégie à la hauteur de ses enjeux.
« Le transport aérien constitue un vecteur de paix et de progrès au service de l’économie et des citoyens. Dans un monde troublé, à la géopolitique complexe, notre conviction est que nous avons plus que jamais besoin d’un transport aérien synonyme de lien social. » — Pascal de Izaguirre, président de la FNAM
La première table ronde de cette matinée, intitulée « Le transport aérien : utile ou futile ? », a illustré à quel point l’aviation répond à des besoins ancrés dans la société : déplacements familiaux, professionnels, médicaux, touristiques, avec un accès élargi à toutes les catégories sociales et tous les territoires. « L’avion permet de voir sa famille et de s’ouvrir sur le monde. C’est un besoin, pas un caprice. » a ainsi notamment rappelé Valérie Boned, présidente des Entreprises du Voyage
Une filière en transition, qui demande à être accompagnée
Face à l’urgence climatique, la FNAM assume une ambition forte : intégrer pleinement l’aviation dans les politiques de transition, avec pragmatisme et volontarisme. Elle rappelle que plus de la moitié des efforts de décarbonation repose sur les carburants durables (CAD) et que le transport aérien français se sent pleinement engagé par le calendrier fixé par la législation européenne REFUEL EU. Mais tous les acteurs, dont les énergéticiens et l’Etat, se doivent d’être au rendez-vous pour y parvenir.
La FNAM a rappelé que l’aviation française est engagée dans la transformation environnementale, mais qu’elle a besoin d’un cadre stable, équitable et lisible encourageant à la production de SAF. Avec un message sans ambiguïté : les projets synonymes de réindustrialisation, de souveraineté et de transition écologique ne sont pas si nombreux que nous puissions nous permettre de les ignorer.
La FNAM a également insisté sur l’angle mort que constitue aujourd’hui l’absence de prise en compte, tant au niveau national que communautaire, de la concurrence des compagnies de pays tiers opérant en particulier à partir des méga-aéroports de 160 ou 200 millions de passagers construits aux portes de l’Europe, à Istamboul, Dubaï ou Doha. « A feindre de l’ignorer, l’Europe risque bien de tout perdre. L’exemplarité européenne n’a de vertu que si elle est suivie sur le plan international. Sinon cela s’appelle de la naïveté ».
Éviter le décrochage engagé du pavillon français
Le président de la FNAM a rappelé la situation préoccupante du pavillon français : fiscalité lourde, coût d’accès aux infrastructures, performance dégradée de la navigation aérienne, menaces concurrentielles extérieures. Il a mis en garde contre le fait de reproduire en France les excès de fiscalité sur l’aviation ayant conduit en Allemagne à une baisse de plus de 80% du trafic sur les liaisons inter-régionales. Il appelle ainsi à « un renoncement à toute nouvelle fiscalité sur le transport aérien et demande un moratoire sur la fiscalité. »
Une stratégie globale, au service de l’intérêt général
Le transport aérien français n’esquive pas ses responsabilités. Il demande simplement à être considéré à la hauteur de son rôle structurant dans la société française. Loin d’une approche sectorielle défensive, la FNAM plaide pour une gouvernance nationale ambitieuse et concertée, fondée sur cinq piliers :
1. Transition écologique réaliste, adossée à une stratégie industrielle,
2. Concurrence équitable, notamment face aux acteurs extra-européens,
3. Qualité de service et modernisation opérationnelle,
4. Stabilité réglementaire et fiscale,
5. Dialogue social structurant et attractivité des métiers.
« Climat, bruit, navigation aérienne, carburants durables, taxation, équité des conditions de concurrence, qualité de service : sur l’ensemble de ces sujets nous avons besoin, à l’image de ce qui se dessine pour les autres secteurs des transports et notamment le maritime, d’un dialogue et d’une stratégie concertée entre l’ensemble des acteurs. » a conclu Pascal de Izaguirre.
Le congrès a été clôturé par Philippe Tabarot, Ministre chargé des Transports, qui a livré la vision du gouvernement pour le secteur du transport aérien. Il est notamment revenu sur les enjeux liés à la compétitivité du pavillon français, à l’avenir de la navigation aérienne, à l’investissement vers la décarbonation et à la nécessité de préserver une mobilité aérienne accessible à tous.