C’est désormais au nouveau premier ministre que revient la tâche de tenter d’impulser une nouvelle dynamique politique en France
Si de nombreux chantiers vont réclamer l’attention du nouveau Premier Ministre, celui de l’aviation doit rester prioritaire tant ses enjeux en termes de développement économique et territorial, de souveraineté nationale et de transition écologique sont cruciaux.
L’aviation d’affaires en particulier, souvent conspuée et prise pour cible, doit bénéficier d’un soutien politique fort pour continuer son engagement au service des entreprises et des territoires français.
L’aviation d’affaires souhaite prendre toute sa part au redressement des comptes publics. Pour cela, la représentation du secteur en France (EBAA France) appelle à une taxation revue mais juste qui permettra l’atteinte des objectifs gouvernementaux sans entraîner la destruction de toute la filière et de ses 36 000 emplois directs.
Elle invite ainsi François Bayrou à travailler en concertation avec les acteurs du secteur pour assurer la survie de cette aviation.
Un secteur engagé dans sa décarbonation
L’aviation d’affaires, malgré les idées reçues dont elle fait l’objet, s’impose progressivement comme un acteur clé de la décarbonation. En France, l’aviation générale et d’affaires représente 10% du trafic aérien et 2% de ses émissions soit 0,006% des émissions de CO2 au niveau mondial (Source : Intergovernmental Panel on Climate Change (IPCC) 2020).
Les principaux opérateurs, représentés au sein de l’EBAA France se sont par ailleurs engagés à atteindre une réduction de 50 % des émissions de CO2 d'ici 2050, par rapport à 2005. Des progrès significatifs ont d’ores et déjà été réalisés : près de 70 % des opérateurs d’aviation d’affaires utilisent des CAD lorsque ceux-ci sont disponibles, tandis que des innovations technologiques, notamment dans les avions électriques et hybrides, accélèrent la transition. Par ailleurs, les avions de dernière génération consomment en moyenne 25 % moins de carburant que leurs prédécesseurs, soulignant l’engagement du secteur à réduire ses émissions.
Un levier économique et territorial
Au-delà de ses efforts environnementaux, l’aviation d’affaires joue un rôle essentiel pour les entreprises et les territoires, comme n’ont pas manqué de le souligner les débats parlementaires au Sénat lors de l’examen avorté du Projet de loi de Finances 2025. En connectant efficacement des zones parfois mal desservies par les réseaux commerciaux, elle permet un accès rapide aux marchés locaux, renforce les échanges économiques et contribue à l’attractivité des régions.
Elle offre ainsi aux entreprises, investisseurs et clients internationaux la possibilité de se rendre plus facilement à des événements professionnels, contribuant à attirer des touristes d’affaires et à soutenir les hôtels, restaurants et services locaux. L'aviation d'affaires joue par ailleurs un rôle crucial dans les vols sanitaires et médicaux, en offrant un plateau technique inégalé pour transporter des patients, des organes (plus de 1000 en France par an) ou des équipements médicaux essentiels, faisant d’elle un acteur clé, quoique méconnu, de la santé publique.
Un appel à une volonté politique forte malgré la crise
Toutefois, ces efforts de décarbonation et de connectivité des territoires de l’aviation d’affaires risquent de plafonner sans un soutien politique fort et une volonté marquée de défendre les intérêts manifestes qu’elle présente. La France doit ainsi renforcer sa filière de production de CAD afin d’en accroître la disponibilité, encore insuffisante aujourd’hui pour garantir une adoption massive.
D’autre part, loin des projets de surtaxation infondés et délétères présentés ces derniers mois, l’EBAA France appelle à une taxation revue, certes à la hausse mais juste et équitable, qui n’entraîne pas la destruction de la filière. Elle fait plusieurs propositions en ce sens qu’elle soumettra au nouveau gouvernement dans le cadre de la reprise des débats sur le projet de loi de finances 2025.
Par ailleurs, des incitations fiscales et des financements pour encourager l’innovation dans les moteurs électriques et hybrides sont indispensables. Enfin, une régulation harmonisée à l’échelle européenne doit être mise en place pour soutenir les initiatives du secteur et garantir un cadre favorable au développement durable. Ce sont désormais les enjeux auxquels vont devoir faire face François Bayrou et son gouvernement.
Charles Aguettant, Président de l’EBAA France, souligne que « la transition écologique du secteur de l’aviation d’affaires est déjà bien engagée, mais elle ne pourra aller plus loin sans une volonté politique forte. La nouvelle donne politique actuelle doit être transformée en opportunité pour renforcer nos ambitions climatiques et accompagner un secteur qui joue un rôle essentiel dans le développement économique de nos entreprises et de nos territoires français. »
Avec plus de 300 000 emplois directs et indirects en Europe, l’aviation d’affaires ne peut être ignorée ni constamment conspuée
Une action politique déterminée est indispensable pour garantir la compétitivité de ce secteur tout en accélérant sa décarbonation. L’EBAA France souhaite que ce nouveau gouvernement soit l’occasion d’ouvrir de nouvelles opportunités pour l’aviation d’affaires : il est impératif de continuer à porter des initiatives structurantes, telles que la transition énergétique et le soutien aux territoires. Les solutions existent déjà, mais elles nécessitent une vision politique stable et ambitieuse pour être pleinement déployées. L’EBAA France se tient à la disposition du nouveau Premier Ministre, dans une volonté de travail conjoint et demande que ses propositions, notamment en matière de juste taxation soient entendues par le nouveau gouvernement.