Hôtellerie : le luxe retrouve ses adeptes

Selon une étude publiée par le cabinet d'études MKG Consulting, l'Europe a enregistré au mois d'avril sa meilleure performance depuis près de cinq ans. Et, fait exceptionnel depuis le 11 septembre 2001, ce ne serait plus le segment économique qui se distinguerait mais bien le haut de gamme qui tirerait les résultats vers le haut. Sur le marché français, l'euphorie n'est encore pas de mise mais les performances sont plus qu'encourageantes avec une hausse des prix moyens et du RevPar (revenu par chambre disponible) de 4,3 %. "Le taux de réservations est très positif depuis le début de l'année, notamment à Paris", indique Arnaud de Saint-Exupéry, directeur marketing France du groupe Hyatt. Le retour tant attendu de la clientèle américaine depuis plusieurs années commence en effet à changer la donne. "Le taux d'occupation a atteint 70 % en avril, en partie grâce aux bonnes performances des Américains", note Carole Rodriguez, attachée de direction de l'hôtel Concorde Saint-Lazare à Paris. En revanche, la faiblesse du dollar semble avoir un impact négatif sur la durée des séjours qui passe en moyenne de trois à deux jours dans les hôtels Hyatt. Moins sensibles aux événements internationaux et plus réactives, les clientèles russe et japonaise sont aujourd'hui bien implantées dans le paysage de l'hôtellerie haut de gamme. Carole Rodriguez parle même de "clientèle de fond" pour les Russes, "un marché travaillé depuis près de trois ans pour son fort pouvoir d'achat" et qui porte ses fruits. Ils sont même passés récemment en troisième position derrière les Britanniques et les Américains chez Exclusive Hotels avec 14 % de parts de marché. En revanche, la clientèle chinoise, dont les hôteliers ont tant vanté le potentiel, semble encore se faire attendre et préférer pour l'instant les circuits organisés. En revanche, les touristes en provenance d'Europe de l'Est et notamment de Pologne, de République tchèque et d'Ukraine pourraient bien être la clientèle de demain.
Les agences, elles, ne frémissent pas…
Les hôteliers se frottent les mains mais les agents de voyages n'en profitent pas. Les bonnes performances enregistrées par les établissements haut de gamme depuis le début de l'année ne semblent pas être le fait des agences. "Les entreprises recherchent les tarifs les plus bas possibles et demandent même à leurs collaborateurs de partager leurs chambres", indique Francis-Philippe Gallo, directeur général de Sembat Voyages. Pour Nathalie Damiano, la responsable du plateau affaires chez Grand Large Voyages, "les demandes sur l'hôtellerie haut de gamme stagnent car les hommes d'affaires privilégient la proximité de l'établissement avec leur lieu de rendez-vous plutôt que le qualitatif". Jean Michel Rath, PDG de Cap 5, est pour sa part plus nuancé et optimiste. "Il y aura toujours une part de clientèle qui n'effectue pas ses réservations sur Internet et qui a besoin d'aller en agences pour être conseillée." Il va même plus loin en notant que "la demande de la clientèle très argentée s'accélère alors que le chiffre d'affaires des segments entrée et milieu de gamme est en chute depuis le début de l'année".